le chant des sirènes [Libre]

Avalone avait récupéré son violon dans le cagibi où elle vivait en ville. Elle marchait dans les couloirs, jusqu’à trouver un salon désert emplis d’instruments, ou elle avait convenu d’un rendez vous avec un pianiste. Elle s’installa, ouvrant l’étui du violon sur une tablette. Elle se mit à jouer quelques notes, quand un homme aux cheveux grisonnant entra à son tour. Elle l’observa un instant avant de demander d’une voix chantante et gaie.

-Vous êtes l’homme de la situation ?

Il lui sourit en retours, posant une partition sur le piano. Elle s’approcha de lui, et feuilleta les partitions, pendant qu’il lui répondait.

-Je ne sais pas qui vous attendiez, mais je suis le pianiste.

Avalone lui sourit à nouveau. Il était bien l’homme qu’elle attendait. Quand elle eue trouvé une partition qu’elle connaissait, elle la lui tendit.

-Celle-ci sera parfaite.

Elle se posta non loin du piano, et écouta les premières notes du musicien. Au bout de quelques accords elle calla son violon sous son menton, et commença à faire glisser l’archer sur les cordes. Elle avait fermé les yeux, transporté elle-même dans le son merveilleux que donnait la piano et le violon mêlé l’un à l’autre. Cela faisait bien une semaine qu'elle n'avait pas touché son instrument. Enfin, elle revivait.

Avalone n’avait pas remarqué que quelqu’un était entré dans la pièce alors qu’elle jouait. Elle était bien trop prise pour s’en apercevoir. Elle laissait libre cours à son bras, qui ne semblait faire qu’un avec son archet. Il courrait sur le corde, la musique n’avait pas particulièrement une mélodie joyeuse, mais elle souriait. Quand elle eue fini, l’archet se décrocha des cordes sur lequel qu’il avait courut quelques instants plus tôt.

Ava se tourna vers le pianiste. Il jouait très bien, et elle avait prit plaisir à jouer avec lui. Elle allait chercher une nouvelle partition qu’ils auraient pu jouer ensemble, quand elle sentit un regard posé sur elle. Elle se tourna pour regarder le jeune homme. Il semblait pensif, et souriait lui aussi.

-Etes-vous là depuis longtemps ? Je ne vous avez pas entendu entrer.

Avalone portait un haut rose fuchsia, et une jupe blanche avec des motifs floraux. C’était assez simple, révélant qu’elle n’était pas une grande dame. Elle n’avait pas la prétention de faire semblant. Les gens pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient… elle était bien trop vieille pour s’en soucier.

Ava aurait pu rougir, elle l’aurait fait. Elle aimait bien qu’on la complimente quand elle jouait. Elle se laissait aller à la seule envie d’entendre le doux son du violon et rien que ce son était un compliment en soit. Quand il se rapprocha, elle sentit qu’il était humain… Il ne fallait pas dévorer les humains ici… de toute manière, elle n’avait pas faim.

-Merci, c’est gentil.

Rho la la… quel manque d’imagination. Elle qui était plutôt du genre ouverte et un peu folle, elle sortait une phrase d’une banalité à pleurer… Elle était un peu gênée de c’être fait surprendre entrain de jouer… ce n’était juste qu’un entrainement. Ça devait être ça.

Jacob… pour la servir… eh bah tien. Mais la servir en quoi ? Que cette tournure de phrase était stupide… vraiment… on trouvait de ces absurdités dans les langues quelques fois… heureusement qu’elle en parlait beaucoup, l’avantage d’être si vieux… XD

Elle fit une petite révérence et se présenta à son tour.

-Avalone, Enchantée.

Alors… tout pouvait-être relatif… Une semaine… était-ce long ? En temps normal… ou, en vu des événements qui pouvaient se passer dans une semaine complète… c’était long… mais en comparaison avec une vie de plusieurs centaines d’années… ce n’était pas long. Pfiou… il ne faut pas toujours réfléchir hein…

-Cela fait maintenant une semaine… Et vous ? Espionnez-vous toujours ainsi les gens par derrière ?

Elle lui fit un beau sourire, elle avait retrouvé sa contenance, et était prête à rigoler à nouveau. Elle le regarda à son tour des pieds à la tête, comme lui-même l’avait fait. Elle avisa qu’il avait le bas du pantalon déchiré. Cela ressemblait à des morsures… sales chiens. Toujours là où il ne fallait pas. Elle les détestait instinctivement, comme si la part de félin en elle lui dictait cette répugnance.

-Vous êtes vous fait attaquer par un chien ?

Elle l’écouta avec attention, il avait donc l’habitude d’observer ses sœurs faire des câlins à des garçons. Elle sourit à cette idée… A la la les humains avaient parfois de drôles d’idées.

-Oh ce n’est pas bien…les pauvres.

Elle lui sourit, elle avait parlé avec une nuance d’amusement dans la voix. Elle n’en pensait pas une seule parole. Après tout, il devait bien passer le temps… comme tout le monde. Ava fronça un peu les sourcils… Le pianiste n’avait pas bougé, se demandant si l’entretien était fini, ou pas. Elle n’y prêtait plus aucune attention, se contenant d’observer la jambe du jeune homme. Sales chiens en effet. Etait-il blessé ? Elle fit un pas vers lui, pour mieux constater les dégâts. Elle ne sentait pas de sang, mais cela ne voulait rien dire.

- Etes-vous blessé Jacob ?

Elle n’était pas inquiète, mais si elle pouvait se rendre utile, elle le soignerait avec plaisir, n’ayant absolument rien contre les humains. Il semblait marcher sans mal, et ne semblait pas être blessé.

Elle lui sourit poliment. Un sourire radieux, elle ne doutait pas que ses soeurs se vengeaint... après tout, cela faisait partit du jeu.
Le pauvre… se faire attaquer par un chien… pas de chance. Au moins, il n’avait rien. Pourquoi s’inquiétait-elle pour lui au fait ? Elle n’en savait trop rien enfaite. Surement par ce qu’il avait été attiré par sa musique. Ça devait être cela. Elle aimait la musique, alors s’il s’y intéressait lui aussi, il valait la peine qu’on s’inquiète pour lui.

-Très bien… tant mieux. Sale chien… je ne les portes pas dans mon cœur.

Elle continuait à observer le bas du pantalon de Jacob. Il était tout déchiré. Avalone n’était pas sure qu’il puisse le remettre à l’avenir.

-Votre pantalon en a prit un coup en tout cas.

Que faisait-il là au fait… Avait-il à faire dans les parages ? Travaillait-il ici, ou était-il courtisan. Il n’était pas noble, sinon, il lui aurait dévoilé son titre en se présentant. Bah, elle lui demanderait plus tard, si l’occasion se présentait.

Elle avait un don de guérisseuse certes, mais pour un pantalon, elle ne pouvait rien faire… Elle n’avait aucun talent pour la couture… elle ne pouvait donc pas l’aider. Elle sourit à ses paroles. Elle ne pouvait-tout de même pas lui dire qu’elle n’aimait pas les chiens par ce qu’elle était elle-même un chat… Elle haussa les épaules l’air de rien puis expliqua.

-Je suis l’heureuse propriétaire d’une petite chatte qui ne les apprécie pas… Il est donc tout naturel que je ne les aime pas moi-même. Si je me promenais avec l’odeur d’un chien elle me fuirait. En plus, un chien m’à mordu il y à fort longtemps… depuis, nous ne sommes pas amie.

Explication un peu délirante, mais qui tenait la route. Elle sourit, c’était une bonne chose de faite. Elle pouvait lui retourner la question.

- Hormis le fait qu’un chien ait assassiné votre pantalon, pourquoi ne les aimez-vous donc pas-vous non plus ? Ne dit-on pas que le chien est le meilleur ami de l’homme ?

Mouarf, elle ne se doutait pas qu’un loup avait tué sa mère. Si elle avait su, elle n’aurait pas employé ce terme si radical, assassiné. Ça pouvait être drôle dans d’autres circonstances. Elle-même souriait paisiblement, dans l’attente d’une réponse.

Que pouvait-elle bien dire… Elle n’avait jamais été mordue en réalité. Elle lui sourit faisant non de la tête. Elle ne lui avait pas dit qu’elle avait la capacité de se transformer en chatte pour le simple fait qu’elle préférait garder ses atouts secrets, au cas où elle aurait à se cacher un jour. Après tout, elle devait être prête au cas où l’éventualité d’une fuite se ferait sentir. Elle fut navrée en entendant la suite. Un chien avait tué sa mère ? Il devait-être affamé… Un chien errant surement, ou un loup… enfin, cela ne la regardait pas et elle ne voulait pas risquer de le mettre mal à l’aise.

-Je suis désolé…

Elle sourit en l’entendant dire qu’il préférait les chats. Brave homme. Il avait bien raison. Les chats étaient des merveilles. Elle aurait voulu que plus de gens s’en rendent compte. Tout le monde devrait vénérer les chats, comme dans la civilisation égyptienne. Rien que pour ce fait là, elle le soignerait sans hésitation en cas de besoin. Elle lui sourit.

Je suis certaine qu’un jour, un chat vous le rendra.

Et ce, même si ce n’était que pour chasser les souris de son logis XD. Elle hésitait à l’attitude à adopter. Avait-il besoin d’être réconforté ? Elle lui prit la main. Même si elle ne pouvait pas la lui réchauffer… sa peau étant froide comme les pierres, c’était un geste de compassion. Tout le monde avait souffert un jour, tout le monde pouvait donc comprendre son désarroi.

Un chat contre les chiens, il avait de l’humour… quoique, pour peu que ce soit un métamorphe… Elle pouvait toujours lui rendre visite à l’occasion. Quoique, s’il lui arrivait souvent de se faire attaquer par des chiens, elle allait éviter hein…
Il vivait donc dans une boulangerie. Mais une restait donc en suspend… que faisait-il là, au château ? Venait-il livrer du pain ? Si s’était le cas, il s’était un peu égaré, il avait pourtant l’air de bien connaitre les lieux de d’être à l’aise. Si elle lui demandait ce qu’il faisait là ce serait un peu indiscret… mais bon, il fallait bien satisfaire sa curiosité.

-Vous êtes un peu loin de la boulangerie… je doute que ce soit ma musique qui vous ait entrainé si loin de chez vous. Serais-ce indiscret de vous demander ce que vous venez faire au château ?

En même temps, elle s’en fichait un peu de la bienséance. Au diable l’étiquette, elle lui sourit, avant de lui lâcher la main, qui comparé à la sienne, était chaude à s’en bruler.

Ava lui sourit, il venait voir le roi. Il semblait toujours aussi à l’aise, il devait connaître Louis, sinon, il n’aurait pas eue le toupet de vouloir le voir. Quoique… il aurait eu du mérite. Elle sourit de plus belle.

-Juste voir le roi… Vous en avez de belles.

Elle parlait des mots employés bien sur. Il avait l’air sur de lui, brave petit. Elle ne l’avait pas vu depuis plusieurs jours elle-même. Elle squattait pourtant toujours sa chambre, venant se prélasser sur le lit à la barbe des domestiques. Après tout, qui s’intéressait aux allées et venues d’une petite chatte ?

- Venez-vous souvent ici ?

Elle-même n’arrivait pas encore totalement à se faire à ce cadre de vie si différent de celui qu’elle avait avant.

L’avoir vu ? Pour ça oui… elle l’avait même presque vu nu. XD Faut dire qu’il ne savait pas encore que le petit chat qu’il avait si gentiment adopté n’était enfaite qu’un vampire… Elle n’était pas là depuis peu, mais elle en avait vécue déjà de belles dans ce château. Première rencontre qu’elle avait faite, c’était avec le monarque, puis avec sa favorite… oui, on ne pouvait pas employer d’autres termes, vu qu’ils n’étaient pas mariés. Elle lui sourit, véritablement amusé par les réponses qu’elle pouvait donner.

-Hum… oui, j’ai eue le privilège de le rencontrer, en effet.

Ava n’était peut être pas là depuis longtemps, et sa nature première voulait qu’elle ait tendance à parler sans retenue, mais bon, déjà assez de ragots courraient à son sujet pour qu’elle n’en rajoute pas une couche en faisant une boulette. Elle commençait donc à bien maîtriser son vocabulaire, vouvoyant les gens, n’importe qui même, alors qu’avant, elle n’utilisait ce procédé que pour ses supérieurs. Puisqu’il était de coutume ici d’avoir l’air guindé, elle s’y plierait, même si elle avait quelques difficultés. Elle continuerait tout de même à appeler le roi par son prénom, et ce même en publique, enfin, selon l’humeur quoi. Il posa à nouveau une question intéressante. Vivait-elle ici ? On ne lui avait en tout cas pas encore attribué d’appartement, où de chambre, mais que pouvait-elle espérer ? Il y avait tellement de monde dans ce château qu’en temps qu’artiste, elle n’aurait surement droit qu’à un placard dans un cois sordide. Elle préférait donc tout bonnement squatter ceux du roi. Après tout, il n’y avait pas mieux pour dormir que la couche d’un roi. Le meilleur lit du royaume pour un petit chat. Les domestiques ne faisaient jamais attention à un chat, une aubaine.

-Vivre ici est un bien grand mot. Disons plutôt que pour l’instant, je visite.

Avalone rigola doucement, d'une voix claire et chantante. Elle n’était même pas encore sure de vouloir rester ici… depuis qu’elle avait reçu la lettre de Mihos, elle était un peu perplexe. Elle verrait bien avec le temps. Louis devait avoir largement d’autres chats à fouetter pour raconter toutes les rencontres qu’il faisait à ces amis. Car, il ne fallait pas ce leurrer, elle ne devait pas avoir grande importance à ses yeux, et il devait plus la prendre pour une folle échappé de l’asile que pour une personne importante à sa vie.

Oh oui, il avait été très accueillant, après lui avoir fait quelques mamours, il lui avait trouvé un charmant surnom qui lui raisonnait encore dans les oreilles « Ma Belle » Tout à fait charmant. Ils avaient ensuite prit l’apéro, enfin surtout elle avec un bol de lait, puis aveint partagé son lit. XD.

- Rassurez-vous, il l’a été, plus que de raison, même.

Ahaha si il venait souvent au château, il ne tarderait pas entendre les bruits de couloirs… Au moins, elle était connue de tous maintenant, même si c’était pour des histoires infondées et totalement fausses. Elle était arrivée au château par le lit du roi… Et oui, mais pas comme les gens l’entendaient. C’était facile de parler sans savoir.

-Me faire visiter ? J’ai un bon sens de l’orientation, rassurez vous, mais si vous connaissez quelqu’un à même de remplir cette mission, je suis preneuse, après tout, c’est plus agréable de marcher accompagné que seule.

Surtout que pour une bavarde, c’était plus amusant de marcher en parlant que seule… Elle n’aimait pas être seule… bizarre pour un chat. Ben non, elle était très câline et préférait cent fois ce promener dans les bras d’une personne attentionnée que seule, comme les autres chats. Bah oui, c’était plutôt un chat de luxe, tant qu’à faire. XD

Une chance que Jacob n'écoute pas les comérages... aprés tout, Ava n'avait rien fait pour faire des vagues, où du moins, ne l'avait pas fait exprès... Une malade du blabla… tout était relatif, il lui arrivait de ne pas parler… surtout quand elle était en chat, ce qui ne l’empêchait pas de penser, et elle ne s’en privait pas. Il était le seul disponible pour le moment, elle se ferait un plaisir non dissimulé de l’occuper.

-Vous êtes le seul disponible dans un si vaste château ? C’est aussi bien, je n’aurais certainement pas pu trouver mieux.

Après tout, il détestait les chiens, et avait une très bonne raison pour ça, en plus, il était charmant, avait de la conversation et de l’humour. Elle lui tourna le dos une seconde, pour reposer son violon, qu’elle tenait encore dans la main gauche dans son étui, et constata que le pianiste était partit. Elle l’avait fait chercher pour qu’il joue avec elle, mais également pour qu’il lui apprenne à jouer du piano. Au moins les bases…

- Etes-vous disponibles tout de suite ? Je peux attendre que vous ayez vu le roi, où alors une prochaine fois ? Comme vous voulez… J’ai tout mon temps.

Elle avait même l’éternité si personne ne la décapitait ou lui plantait quelque chose dans le cœur… Ava était du genre à s’accrocher à la vie, sans rien faire, c’était dans son sang. Une vraie plante régénératrice. Pire que le lierre, increvable. XD