Bon sens de l'orientation? Moi? Hum... [TOM]

J’avais quitté le campement tôt ce matin là. Laissant ma charmante Cassandra endormie dans son hamac. J’avais sellé en silence mon étalon gris de race espagnol et étais partit en direction du village. J’avais entendu le bruit qui circulait dans le campement, comme quoi l’épouse de Jacob Black, qui menait à mes côtés la résistance à la tête d’une troupe de loups avait été arrêté. Je n’aimais pas les bruits de couloirs, et je préférais en avoir le cœur net avant d’envoyer un escadron à l’assaut de la Bastille. Une vois dans le beau village de Versailles, je restais bien à l’abri sous mon capuchon. Même si les rues étaient désertes, je préférais prendre mes précautions. Je ne tardais pas à trouver un édit affiché qui disait en effet que la vampire serait exécuté en subissant d’horribles supplices devant une foule déchainé que cette violence aurait rendu ivre de sang. Cette exemple échaufferait surement les esprits et nous mettrait en danger.
Une fois sur que personne ne m’avait vu, je talonnais ma monture pour m’éloigner le plus possible des rues qui risquaient d’une seconde à l’autre d’être envahis par une patrouille de Ruuqo et par les commerçants. Je galopais pendant des heures pour regagner le campement, faisant toutefois des pauses pour ne pas crever ma monture sous moi.
Le soleil était maintenant haut dans le ciel, j’avais ôté mon capuchon, laissant le soleil lécher ma peau si blanche qui de toute manière ne se tannerait pas. Je ne m’étais pas éloigné des sentiers battu, comme je le faisais d’habitude. Je n’avais pas vraiment envie de rentrer au campement et d’annoncer la mauvaise nouvelle à un époux qui serait surement éploré comme je l’aurais été moi-même si il s’était s’agit de Cassy.
Au bout de quelques mètres, je regardais droit devant moi. En plus d’une odeur alléchante d’humaine, je pouvais déjà voir sa silhouette et entendre ses lamentations. L’avantage d’être un vampire c’est que nous pouvions rarement être surpris par ce qui nous entourait. Je mis pied à terre et rabattais mon capuchon sur mon visage de façon à rester discret.
J’avançais à pieds, tenant mon animal par la bride. Celui-ci commençait à piétiner à la vue de cet âne inconnu. Une fois à la hauteur de la demoiselle assise à même le sol, je demandais d’une voix secourable.

- Seriez-vous à la recherche d’une aide ?

Je l’avais entendu parler à son âne, où à elle-même, disant qu’elle pensait être perdue. Comment pouvait-on être perdu sur un chemin ? Sa roue semblait également en mauvais état. Je n’avais jamais connu Eila, et ne pouvais donc pas la reconnaitre. Pour moi, elle n’était qu’une humaine à qui je pouvais porter assistance. Sa charrette était chargé de pommes, des pommes qui pourraient êtres utiles aux hommes qui luttaient à nos côtés et qui en avaient marre de manger tout le temps la même chose. De nombreux paysans nous aidaient, mais nous ne pouvions pas continuer à taper dans leurs réserves. Le temps était encore beau, mais quand l’hiver viendrait, ces familles auraient besoin de nourriture. Si je lui prenais ses pommes, je ne pensais pas qu’elle en manquerait, après tout, elle était bien habillé, à l’inverse des paysans, et ne semblait pas manquer de nourriture. Je n’étais pas un voleur, mais si elle travaillait pour un de nos ennemis, je ne voyais pas pourquoi je l’aiderais à pertes.

-C’est votre roue qui vous bloque ici ?

Elle restait muette, comme si le fait de ne pas voir mon visage l’intimidait. J’avais pourtant pris une voix agréable et lui proposais mon aide. Si j’avais été un bandit de grand chemin, je ne serrais pas descendu de cheval et je lui aurais foncé dessus épée au poing. Enfin, sa méfiance en disait long. Elle finit tout de même par me répondre. Je souriais sous mon capuchon, mais elle ne pouvait pas le voir avec sa faible vision d’humaine. Elle était donc perdue. Elle s’éloigna de moi, s’occupant de son âne, le flattant comme si elle l’apaisait, alors que l’inverse devait être d’autant plus vrai.

-En effet, cette forêt peut être un vrai labyrinthe pour quelqu’un d’inexpérimentée.

Elle semblait totalement innocente et me demandait de l’aide. Si j’avais voulu la lui refuser, je ne me serais pas dévoilé à ses yeux et l’aurait contourné. Mais après tout, il valait mieux l’aider avant que la nuit tombe, si cette humaine venait à se perdre totalement dans la forêt et mourir, je risquais d’avoir sa mort sur la conscience. Je retirais finalement ma capuche, plantant mes yeux bleus clair dans les siens.

-Je le peux en effet.

Je m’approchais de la roue, soulevant la petite carriole d’une main comme si c'était naturel tandis que j’inspectais l’essieu. Au moins, il ne s’était pas brisé dans la charnière. Elle s’était juste désaxé. Si l'essieu avait été brisé, il m'aurait été impossible de l'aider et elle n'aurait pas eue d'autres choix que de continuer sa route à pied. D’un coup de poing sur le bois, je la remettais en place, puis, la fit tourner dans le vide pour vérifier son bon état de marche. Je reposais ensuite le tout. La nuit commençait déjà à tomber doucement.

-C’est fait. Mais je m’interroge. Par les temps qui courent, que fait une jeune femme seule dans une forêt fréquentée par des renégats ?

Je préférais jouer le jeu du vampire allié au nouveau régime en place. C’était moins risqué tant que je ne savais pas ce que pensait la jeune femme. J’avais beau fouiller son esprit, à part le fait qu’elle ne connaissait rien de cette guerre et qu’elle se ferait surement disputer par le cuisinier, je ne savais pas de quel côté elle se situait.
J'avais beau avoir réparé sa roue, elle n'en connaissait pas moins le chemin pour rentrer chez elle. Je lui indiquerait quand elle m'en aurait dévoilé un peu plus sur elle. Volontairement, ou inconsciemment.

Je ressemblais à un dieu, c’était flatteur, je ne bronchais pas, la regardant sourire. Je souris à mon tour en haussant les épaules. Pour moi, ce n’était pas grand-chose. Lever cette petite carriole, je pouvais le faire depuis l’âge physique de 4 ans. Je ne me rendais pas vraiment compte que pour elle, c’était une première. Les vampires et les humains vivaient en harmonie depuis bien longtemps en France, comment se faisait-il qu’elle ait besoin de tant de confirmation pour savoir que j’étais un vampire ? Peut être avait-elle grandi dans un fief éloigné de tout, où les vampires ne mettait pas les pieds. Comme nous vivions plus longtemps, nous avions tendances à chercher des pôles d’activités, j’étais pourtant certains que certains cherchaient le calme, mais ils devaient être plus rares. Elle était hésitante quand elle parlait.

-Ce n’est rien.

En effet, ce n’était rien, je n’avais même pas mis une minute pour réparer sa carriole. J’aurais pu aller chercher des gens au campement pour qu’ils l’aident, mais ç aurait été ridicule, sachant qu’elle était sur ma route. Je retournais près de l’étalon. Cet animal avait le bon goût d’être calme, il était habitué à la guerre et restait impassible même quand l’odeur de sang se faisait persistante et que les bruits des hommes se faisait meurtriers. La demoiselle avait du mal à s’exprimer, j’attendais patiemment qu’elle s’exprime. Elle réussit finalement à parler, annonçant une cause plutôt comique. Elle était allé chercher des pommes pour la tarde de Ruuqo. La pauvre, enfin, elle n’avait pas l’aire particulièrement malheureuse. Elle ponctua sa tirade par des mots qui me firent plutôt sourire. Elle mettrait bien des claques au monarque. Elle se ferait surement couper la main avant de l’atteindre, mais son opinion me plaisait. Moi aussi je lui mettrais bien des claques à ce loup immonde qui posait ses fesses sur mon trône.

-Vous boitez… est-ce naturel ?

Elle pouvait très bien avoir une jambe plus courte que l’autre. Il arrivait souvent que les humains aient des petits accidents de parcours. Des boiteux, des bossus, des aveugles où borgnes… j’en avais vu souvent. Je m’approchais du petit âne, l’attrapant par le filet pour l’atteler à nouveau. Les pommes rouges attiraient l’œil, même si elles n’auraient aucun goût pour moi, elles sentaient bon, et je ne doutais pas qu’elles plairaient à mes hommes.

-En tout cas, j’espère qu’il s’étouffera avec sa tarte.

Une tarte sans pomme, vu que je lui prendrais son panier, mais lui laisserait une où deux pommes pour qu’elle ne meure pas de faim sur le chemin du retour.

Elle s’était donc foulé la cheville ? la pauvre, encore un désagrément des humains que je ne connaitrais jamais. Je pourrais l’aider en passant mes mains sur sa cheville, mais si quelqu’un venait à me voir dans cette position, Cassandra pourrait venir à l’apprendre et se poser des questions, je ne l’aiderais donc pas, dommage pour elle.

-J’espère que ça n’est pas trop douloureux.

En fait, je m’en fichais royalement. Je pensais avoir été plus discret pour les pommes. Ce n’était pas pour moi, certes, mais les hommes qui vivaient à nos côtés seraient surement enchantés. Je lui souris, avant de me reprendre. Elle ne souhaitait pas la mort de Ruuqo ? et elle travaillait pour lui en plus de ça ? Je la regardais un peu froidement.

-Et en quoi votre service au près de lui vous aide-t-il ?

Ruuqo était un malade qui n’hésitait pas à marcher sur les autres pour arriver au sommet. Qu’une humaine me dise qu’elle trouvait ça normal, ça me désolait. Honnêtement, je ne comprenais pas. A mes yeux, c’était impensable. Elle me tendit finalement le panier. Je fouillais dans ma poche, et sortis une bourse correctement remplie. Elle me donnait le panier de pommes quitte à être mal payé, je ne voulais pas ça. Je lui posais la bourse replète dans la paume de la main.

-Non, je prends le tout et vous laisse deux pommes pour le chemin du retour. Prenez cette bourse, je ne voudrais pas entrainer votre ruine.

Il ne serait pas dit que Ruuqo se bâfrerait de tarte alors que le peuple avait du mal à joindre les deux bouts, ayant parfois de la soupe bien mince comme repas. J’allais donc à l’arrière de la petite charrette une fois avoir terminé d’atteler l’âne, et commençais à décharger la caisse de pomme. En deux coups de cuillères à pots ce fut terminés. Mon étalon s’approcha, l’air assez intéressé par les pommes. Je le chassais d’une tape sur le chanfrein.

-C’est pas pour toi !

Je regardais ensuite le ciel avant de clôturer.

-Il ne va pas tarder à faire nuit

Je m’inquiétais de la même manière pour tous mes sujets. Quand j’étais à l’abri dans mon château de Versailles, e ne pouvais pas voir la détresse des gens, on voulait me voiler la face en me disant que tout allait bien et que le peuple était content. Hors, comme je sortais souvent, mes ministres n’avaient pas pu me tromper. Maintenant que je vivais avec des gens bien et intéressant dans la forêt, je n’allais pas me détourner des gens que je croisais. Je m’inquiétais réellement pour les gens, mais je ne lui en voudrais pas de penser que je n’étais pas net et de ne pas avoir confiance en moi. Ruuqo n’était pas arrivé au pouvoir par hasard après tout, il en fallait aussi de son côté. Je ne comprenais cependant pas qu’on puisse le préférer à moi… surtout quand on était humain.

-Bien…

C’est elle qui voyait, je ne doutais pas qu’elle devait vivre pire, sachant qu’elle était humaine dans un endroit gouverné par un tirant exécrant les humains… Je voyais dans son esprit qu’elle avait eu de cicatrices… avait-elle subie des maltraitances dans cette guerre ? je n’allais pas le lui demander, après tout, ça ne me regardait pas. Je lui souris gentiment quand elle m’apprit qu’elle s’occupait d’une dame. Je ne sais pas pourquoi, je l’imaginais bien au coin du feu en train de s’occuper de quelqu’un. Chose que je ne connaissais pas, ayant grandis avec une nourrisse et un peu livré à moi-même. D’un côté, j’enviais leur vie simple qui devaient quand même être emplis d’amour…

-Certes, mais vous ne m’ôterez pas de l’idée que votre travail doit être ingrat et mal rémunéré.

Elle devait vivre dans des conditions déplorables oui… devait être au service d’un maître qui la traitait mal… En général, les humains étaient traités comme du bétail. Nous avions déjà recueillis pas mal d’estropiés sortant du château. En général, les humains n’en sortaient pas entiers. Je ne comprenais pas pourquoi Ruuqo avait une telle hargne envers les humains… N’avait-il pas commencé par en être un lui aussi ? Je ne comprenais pas sa logique… depuis le temps, il devait avoir le cerveau atrophié.
Une fois avoir fini de décharger la petite carriole elle me demanda mon nom. Je la regardais avec un petit air surpris. Je ne pouvais pas lui dire la vérité, sinon, on la torturerait surement pour lui tirer des informations à mon sujet… des choses qu’elle ne saurait pas leur répondre et qui entrainerait surement la tristesse de cette dame que j’imaginais près d’une cheminée. Je ne le voulais pas, donc je mentais à la demoiselle.

-Je m’appelle Denis Laforge. J’espère que vous ne me garderez pas rancune de ce petit rapt que je vous assure être pour la bonne cause.

Je rabattais mon capuchon pour cacher mon visage et lui fis une jolie révérence en faisant voltiger les pants de ma cape.