Angoisse prénatale[Leria]

Avalone avait gonflé déjà un peu. C’était très bizarre, Elle était allée voir un docteur, le docteur de la cour, qui avait accepté de la recevoir pour le simple fait qu’elle était un vampire. Il l’avait fait se placer sur une chaise, les pieds en hauteur, posé dans des étriers. Il avait paru perplexe, lui demandant qu’elles étaient ses pouvoirs. Elle avait hésité, mais avait fini par les lui dire, pensant à juste titre au secret d’hypocras. D’habitude, elle se soignait seule, mais là, c’était différent. Cela faisait deux semaines qu’elle se sentait ainsi. Le médecin avait été catégorique. Avalone était enceinte… Et ça n’allait pas bien ce passer. On aurait pu penser que c’était la faute de Reaven… Elle ne savait même pas ce qu’il était, loup, vampire, humain… peut-être l’enfant aurait-il un problème… Mais non, le médecin en était sur.

Avalone n’était pas faite pour enfanter… elle n’avait pas les pouvoirs pour… le fait de se transformer en chat était très pratique, mais pour enfanter… ce n’était pas un cadeau. Avalone se trouvait avoir la gestation d’une chatte. 60 à 65 jours. Elle l’avait pleuré en l’apprenant, mais pas de joie. Le médecin lui avait en plus apprit que son corps n’aurait pas le temps de se développer convenablement de façon à nourrir son enfant… c’était une catastrophe. Comme si ce n’était pas tout, il lui avait dit qu’elle devrait surement subir une césarienne… chose peu répandu à l’époque. Vu sa morphologie, elle avait le bassin trop étroit pour sortir un enfant.

Elle avait quitté le cabinet de docteur en lui faisant la promesse qu’au premier signe une arrivée prématuré, elle le fasse chercher. Enfin, elle devait faire attention à éviter les contrariétés. Déjà qu’elle était dans une situation précaire… Elle s’assit sur un muret, les pieds ne touchant pas le sol. Elle n’arrivait pas à imaginer qu’elle allait être mère… Elle, alors qu’elle ressemblait à une adolescente… c’était justement ça qui lui jouait des tours.

Pour l’instant, cela ce voyait à peine, elle l’avait remarqué car elle n’avait pas eu ses menstruations… elle avait prit une demie taille en plus. Heureusement qu’elle était fine et que ses vêtements n’étaient pas trop faits de façon à la mettre en valeur, mais à être pratique. Bref… ça ne se voyait pas. Elle se releva du muret et dirigea ses pas vers le village. Elle avait besoin de marcher un peu pour se changer les idées. On lui avait parlé d’une boutique de vêtement qui faisait fureur. Elle avait déjà rencontré la créatrice… à l’opéra. Celle-ci lui avait dit qu’en cas de besoin elle pourrait aller la voir… Elle avait trouvé ça bizarre dans un premier temps, mais maintenant, elle avait envie de parler, ou au moins de se changer les idées. Elle entra donc dans la boutique après avoir traversé le village. Avalone sourit devant la quantité de tissus, peut-être en profiterait-elle pour se faire faire quelques robes de grossesse.

Avalone n’avait pas vu tout le cirque qui avait lieu dans l’arrière boutique. La pièce ou elle était entrée était calme, silencieuse. Quand la jeune femme qu’elle avait déjà rencontrée passa la tête par la porte, elle lui sourit. D’autant plus qu’elle venait à sa rencontre. Elle ne se doutait pas qu’elle avait l’air fatigué… elle n’avait pas fait d’effort particulier, elle avait un peu de temps quand même avant que son enfant ne vienne au monde. Cela devait faire deux semaines qu’ils cohabitaient, il n’allait pas sortir tout de suite. Elle ne voulait pas y penser de toute manière…

-Bonjours mademoiselle. Quand vous dites votre humble demeure, vous êtes bien modeste. Vous avez en réalité une très belle boutique.

Ce qui l’emmenait, ce n’était pas très compliqué, des robes ? Des tissues ? Une envie d’innovation. Elle fit un sourire timide avant de répondre.

-J’aurais besoin de quelques robes… Comme on parle beaucoup de vous… je me suis dit que vous seriez surement la mieux placé pour me conseiller et m’aider à faire des choix. Je suis… enceinte.

C’était la première fois qu’elle prononçait ce mot pour elle. Enceinte… Elle soupira, elle n’en avait pas vraiment envie en fait…

-_-‘ Mais pourquoi était-elle venue ici… La jeune femme semblait hystérique à l’évocation de cette grossesse. Pourquoi les gens se sentaient obligé d’être stupides quand ils voyaient une femme enceinte ou un petit bébé… Avalone n’avait pas parlé d’habits pour enfant… elle avait oublié d’y penser… pourtant, il lui en faudrait surement. Elle envoya un regard triste à la jeune femme. La féliciter… peut-être pas. Enfin, elle sourit un peu pour ne pas paraitre pour une future mère indigne.

-Oui, c’est merveilleux…

Elle l’écouta attentivement, essayant de suivre ses délires. La jeune femme alla même jusqu’à la faire sourire franchement… Elle avait l’air réellement passionné par ce qu’elle faisait. Quand elle demanda qui était le père, Ava hésita. Elle ne lui en avait encore même pas parlé… En même temps, elle venait elle-même de l’apprendre… qu’elle horreur. Elle eue envie de pleurer d’un coup… Et Marie, qui ne tarderait pas elle-même à accoucher… cette histoire était une catastrophe. Ava leva les yeux vers Leria, un regard un peu angoissé.

-C’est le maréchal ferrant du château… Reaven…

Elle soupira. Elle allait surement ne rien lui dire, elle avait peur qu’il pette un plomb… il allait se retrouver avec un autre enfant pour un coup en l’air… Déjà qu’il devait être inquiet pour Marie… il devait avoir d’autre chat à fouetter que s’occuper d’Ava. En plus, avec ses 6(j de grossesse, elle risquait d’accoucher avant la régente momentané du royaume. Elle allait péter un plomb avec cet enfant alors qu’il n’était même pas encore là.

Ava la regarda faire, fermer la boutique, apporter deux chaises. Elle lui sourit en guise de remerciement. A sa question pour un remontant, elle ne dit pas non, elle avait la gorge sèche, un vrai désert.

-Oui je veux bien un verre d’eau…

Pas d’alcool pour maman ! Elle s’assit donc, en attendant que Leria en fasse de même. Quand celle-ci parla du père, Ava se mit à triturer une mèche de cheveux. Oui, le père devait avoir d’autres soucis en tête, mais vu l’arrivée imminente de bébé, il faudrait bien le prévenir, d’ici peu, ça serait visible par tous, et Ava avait la certitude qu’elle allait mourir, et ce, malgré son pouvoir… Elle avait envie de parler, et cette jeune femme qu’elle ne connaissait pas semblait toute disposée à l’écouter… et comme elle ne la connaissait pas, elle ne pourrait pas raconter ses malheurs à tout le monde.

-Le père n’est pas au courant, et je ne pense pas qu’il soit disposé à bien prendre cette nouvelle. Déjà, nous entretenons une simple relation amicale… qui à dérapé une journée… juste une journée…

Son regard se fit triste… une journée, mais quel journée. Elle avait prit son pied au moins. Elle fit un petit sourire à cette pensé, mais se rappela vite de ce que lui avait dit le docteur…

-J’espère que vous êtes une couturière rapide… car mon bébé n’attendra pas 9 mois… il est relativement pressé de sortir… Voyez, j’en suis à deux semaines et il commence déjà à ce voir.

C’était une catastrophe.

-Je sors de chez le docteur… je vais avoir une grossesse difficile et un accouchement encore plus dur. Comme vous me voyez là, je ne suis pas morphologiquement capable d’enfanter. Mon bassin est trop étroit… et vu ma grossesse trop rapide, je n’aurais pas de lait pour ce bébé…

En fait, elle avait peur… pour la première fois, elle avait vraiment peur. Leria ne devait pas savoir pourquoi Avalone aurait une grossesse plus courte que les autres… Ava n’avait pas pensé à le lui dire.

Anormalement rapide oui, c’était bien ça le problème. Cette grossesse était un problème à elle toute seule de toute manière. Elle soupira en trempant les levres dans le verre d’eau. Elle n’avait même pas fait attention à la manière qu’elle avait employé pour la verser cette eau. Elle était habituée à ce qu’on utilise au quotidien ses pouvoirs, et elle était relativement blasé sur ça.

-Oui, vous avez raison, je lui en parlerai. Tels que vous me voyez là, j’en suis à deux semaines de grossesse. Etonnant non ? Je suis grosse comme si ça faisait trois mois. C’est à cause de moi ça. Voyez vous, je suis également une chatte dans la vie, enfin, un de mes pouvoirs, mais qui est très présent dans ma vie. Mon bébé à visiblement décidé d’utiliser ce temps de gestation là. Le docteur m’a suggéré 65j… Coudrez vous aussi rapidement ?

Elle avait un sourie blasé. Leria n’aurait pas les vacances qu’elle avait pensé avoir, dommage pour elle, mais bébé en avait décidé autrement. Elle pensait à un garçon ? Pourquoi pas. En même temps elle s’en fichait. Garçon, fille, cet enfant ne pouvait-être qu’une malédiction.

-Si vous en êtes si sure, je vous fais confiance et achèterais des vêtements en conséquence.

Un petit garçon. Il faudrait acheter plein de truc pour lui ou elle… elle s’en régalait d’avance, pauvre d’elle.

C’est pour ça qu’elle s’en passerait surement de cette garde robe. Vu la vitesse ou ça allait, ça attendrait surement. D’ici là, il faudrait en refaire une autre de toute manière. Elle haussa les épaules en finissant le verre d’eau. A vrai dire, elle n’y avait pas pensé… l’élèverait-elle seule ? Surement oui.

- Je viens de l’apprendre moi-même, alors voyez vous, je ne pense pas que quelqu’un puisse l’élever. Le père est un ami, et il doit avoir d’autres soucis que de s’occuper de moi et de ce bébé, et je n’ais pas de famille.

Quand elle parla de prénom, elle écarquilla les yeux. Non, elle n’y avait pas pansé, elle qui avait déjà du mal à choisir un prénom pour ses animaux… comment pourrait-elle en choisir un pour un bébé qui le portrait toute sa vie ? Avalone était du genre indépendante, et dépendre d’un homme, ça la répugnait. Elle ne s’était jamais fixée ou attaché, maintenant qu’elle était enceinte elle allait devoir se calmer. Elle soupira.

-Un prénom… Euh… non, aucune idée… Vous en avez-vous ?

La première chose à laquelle elle avait pensé c’était qu’elle allait mourir, qu’elle était maudite… pas à un prénom.

Certes, c’était à elle de décider, elle aurait le temps d’y penser… enfin, si elle avait le temps… Elle n’en savait rien. LA jeune femme avait raison… Elle en parlerait au père de son bébé. Après tout, il avait le droit d’être au courant, même si cela ne lui faisait pas plaisir, c’était le mieux.

-Oui, je vais lui en parler, c’est le mieux. Vous êtes de bon conseil. Je ne regrette pas d’être venue vous voir. Je ne sais pas ce qui m’y a poussé, mais j’en suis heureuse.

Elle s’attendait à une aide au niveau des prénoms possible, mais elle se rendit compte qu’elle avait mal formulé sa question. La réponse de la jeune femme la fit sourire. Franchement, elle se détendait un peu.

-Leria, c’est charmant, je ne l’avais jamais entendu.

Elle ne pouvait pas élever cet enfant seule ? Pourquoi ? Elle semblait fatiguée ? Ce n’était pas rassurant. Elle arrêta de sourire. Oui, elle était fatiguée, d’ailleurs, elle ne tarderait pas à partir, elle était lasse de tout ce cirque, il fallait qu’elle réfléchisse à tout ça.

-Encore une fois, vous avez raison… D’ailleurs, je vais partir, il faut que je me repose. Si j’ais une mine affreuse au point que vous m’en fassiez la réflexion, c’est que ça doit être visible. Vous m’excuserais donc de vous quitter.

Elle ne se levait pourtant pas, elle attendait une réponse de la part de Leria. Elle était si gentille cette femme.