Un véritable gamin (Suite)

Êtes-vous marié? Sebastian laissa filtrer un éclat de rire. La question était assez amusante en effet. Son père avait trop peur de tenter un mariage avec une femme respectable et il n’avait jamais encore trouvé chaussure à son pied.

-Non, non. Ça ferait trop plaisir à mon père, se contenta-t-il de rétorquer du tac au tac.

Lorsqu’elle lui demanda de l’appeler Cassandra, le grand gamin fit la moue. Princesse c’était le surnom qu’il lui avait donné! Il l’aimait bien… Sebastian haussa les épaules. Si elle y tenait, incognito ce sera.
Il se crispa à l’idée de faire la course. Mauvaise idée, mauvaise idée, mauvaise idée!!! Si il n’avait pas eût les jambes aussi molles il aurait probablement prit les jambes à son cou, mais il était trop tard : Son honneur de chevalier était en jeu!
Il bomba le torse et passa la main dans ses cheveux d’un mouvement exagéré.

-Très bien, Cassandra! Faisons une course, puisque le cœur vous en dit.

D’un pas ferme il se dirigea vers son cheval. Dans un seul et même mouvement gracile, il se propulsa sur la selle. Après quelques clignement de yeux et une mine surprise qu’il n’avait sût retenir, il sourit comme un gamin fière d’avoir réalisé un exploit.
Malheureusement dès que la monture de la jeune femme se mit en route, la sienne devint complètement folle. S faisait tout son possible pour talonner l’étalon, alors que son cavalier s’agrippait comme il le pouvait au pommeau de la selle.

-Du-u-u-u calme, S! Hurlait-il. Ôôôôôh!

La bête allait à gauche, à droite, tournait en rond, sautait, Sebastian ne regardait même plus ou il allait.
Tout ce qu’il sût, c’était qu’il avait finit affalé aux pieds de la jeune femme, complètement essoufflé, mais avec un immense sourire aux lèvres.

-P-pas si mal pour une première fois!

Il se releva péniblement, une douleur lui pesant dans le dos.

-J'ai bien aimé, mais ne préféreriez-vous pas... une activité plus calme?

Il avait peine à croire que c'était lui qui avait prononcé ces mots! Habituellement, c'était Sebastian qui se plaignait de l'ennui causer par une activité trop calme! C'était vraiment un drôle de soir...

Piqué au vif, Sebastian s’empourpra. La moquerie de son amie ne manqua pas de le blesser, bien que son orgueil lui interdise d’en laisser paraître, ne serait-ce qu’une pointe de tristesse. Son cœur battait à toute vitesse et son souffle était court, la chute n’avait pas été des plus douce- comme la plupart des chutes, d’ailleurs -.
L’hybride comprit à son ton de voix que parler de relation amoureuse était délicat. Elle avait quelqu’un dans sa vie ? Non. Elle démentit rapidement cette idée avant même qu’il ne pose la question. Dans ce cas, un problème de cœur. Sebastian n’en avait jamais vécu, mais il savait qu’il en avait fait vivre à bon nombre de personne. La teinte bleutée des yeux de son interlocutrice confirma ses doutes. Elle était triste. Ne sachant trop pourquoi, Sebastian se sentit coupable. Pour une fois qu’il n’avait rien fait, voilà qu’il culpabilisait ! Impuissant devant le désarroi de Cassandra il se contenta d’un sourire réconfortant. Il lui aurait bien frotté le dos affectueusement, mais il craignait que le geste soit mal interprété.

-Tout change, lui assura-t-il avec douceur. Ceux qui ont tort finissent toujours par être résonné et ils ont tort de te détester car une femme comme toi ne peut qu’être une bonne reine. Laisse faire le temps, il arrangera les choses. Les gens comme toi, il ne peut que leur arriver de bonne chose.

Pour éviter qu’elle lui pose des questions à propos de cette réflexion, l’hybride détourna le regard et s’engagea sur un nouveau sujet.

-Je ne suis pas un cavalier hors paire, mais je suis le roi de l’escalade !

Il s’approcha d’un arbre massif qui semblait dominer les autres de toute sa hauteur. Un sapin, adulte, énorme. Même si ils l’avaient voulu, ils n’auraient pas réussis à encercler le tronc de l’épicéa.

-Je vous propose un autre genre de course !

D’un geste lent il se plaça sous l’arbre, les mains dans les poches, un sourire en coin aux lèvres.

-Le premier en haut ! S’exclama-t-il avec un clin d’œil.

Sans prévenir, il se propulsa sur la première branche avec une vitesse surnaturelle. S’agrippant au branche, prenant appuie sur le tronc, en quelques secondes, il atteignit la plus hautes branches qui semblait apte à soutenir son poids.
Son but n’était pas de gagner, mais de faire monter la jeune femme pour lui montrer la vue du soleil qui disparaît vu du ciel. C’était un moment impressionnant, comme si un océan de verdure éteignait le ciel tranquillement.
Alors que le soleil les saluait paresseusement, l’hybride usa une nouvelle fois de sa magie. Tranquillement, il fit passer au dessus de leurs têtes deux dragons. Ils glissèrent allègrement dans l’air fonçant vers le soleil couchant, ils disparurent avec lui dans son dernier souffle.

- Je voulais juste te montrer un coucher de soleil dans mon monde. Chuchota-t-il pour ne pas briser le silence qui semblait compléter le tableau. Pour que tu me montres un sourire venant du tiens.

Sebastian ne connaissait pas grand-chose à la philosophie chinoise. En fait, il ne connaissait pas grand-chose à la chine! Si ce n’est que c’était un pays assez éloigné peuplé de gens possédant une culture étrangère. Il écouta sans interrompre les explications de la souveraine, tentant de ne pas s’y perdre. Il n’avait aucune envie de donner une nouvelle occasion à sa princesse de rire de lui!

-Vous ne m’ennuyez pas du tout! En fait, il est rare que je m’amuse autant. (Il sourit en coin) Même si j’ai eu l’air ridicule, d’un parfait idiot et d’un véritable goujat! Ça fait du bien de parler avec quelqu’un.

Il ramena sa jambe droite contre lui, laissant l’autre pendre dans le vide.

-J’ai toujours cru que je mourrai par l’épée d’un ami, mais finalement… Je crois que ce sera mon silence qui me tuera.

Il fixa le sol un instant. Un long instant sans prononcé un mot, le temps de calmer cette envie d’aller embrasser la terre. Il savait que ça ne lui serait jamais fatal, il l’avait déjà fait. Probablement pas pour les même raisons, mais il avait aimé les quelques instants où il avait ressentis l’ivresse de la chute. L’atterrissage l’avait convaincu de se contenter du souvenir de l’euphorie du moment.

-Enfin! Avec d’aussi horribles paroles, je manque à mon rang de Chevalier!

Il se leva sans aucune hésitation. Tomber ne lui faisait plus peur depuis longtemps.

-Réfléchissons!

Il écarta les bras, histoire de se donner un peu d’équilibre, et commença à faire les cents pas. Qu’est-ce qu’il pourrait proposer à Cassandra?

-Il y a un tas de chose qu’on peut faire seuls dans la forêt la nuit tombée, souligna-t-il. On peut essayer d’attraper le plus grand nombre de luciole, essayer de trouver des formes dans les étoiles, il y a même un petit lac où on peut se baigner, pas trop loin! Mais peut-être ne voulez-vous pas mouillé vos vêtements.

Il reprit place à côté de la demoiselle.

-J’ai trouvé des activités, c’est donc à vous de choisir!