Une petite brassée - vestige du passé

Messages : 27 Date d'inscription : 29/08/2009

Kaät frottait depuis maintenant plusieurs heures les jupons nacrés et les par-dessus aux couleurs chatoyantes. La vampire avait catégoriquement refusé de faire nettoyer ses vêtements par quelqu’un d’autre. Ce n’était pas les servantes qui avaient salis ses robes, ce n’était donc pas à elle de les nettoyer. Non? En plus, ça permettait à la jeune femme de sortir et observer un peu les alentours de Versailles. Entre la maison de son enseignant et la magnifique demeure du roi, Kaät n’avait pas eu le temps d’explorer le monde qui s’offrait maintenant à elle. Les répétitions l’avait retenu toute la semaine, si bien qu’elle n’avait vu personne, n’avait rien découvert de vraiment nouveau, c’est à peine si elle avait pu explorer le palais en entier.
Pour parcourir le plus de chemin possible, Kaät s’était recouverte des pieds à la tête et avait quitté le château au coucher du soleil. Pour traverser le village, s’occtroyant le droit de flâner un peu, observant les derniers préparatifs des marchands qui fermaient leurs boutiques, les derniers jeux des enfants, la dernière croix mise en terre par le vieux croque-mort. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la jeune fille atterrit dans la forêt. « À la sortie du village, y a une cascade. T’as qu’à y aller. » Lui avait jeté la servante, excédée par l’attitude de la nobliotte qui se croyait, pensait-elle, trop bien pour laisser des boniches s’occuper des ses broderies.
Bientôt elle atteignit ladite cascade. La lune était déjà à la moitié de son zénith. Après avoir longuement observer la chute, Kaät se dit qu’elle n’avait aucune raison de salir une eau si belle et qu’elle saurait trouver un lac plus loin. Elle avait deux jours de congés, si elle se perdait, elle aurait le temps de revenir sans raté un quelconque récital ou un entrainement.
Les minutes devinrent vite des heures, mais elle finit par atteindre un petit lac. Personne ne lui avait jamais parlé de cet endroit. Il était sombre, silencieux. Comme caché. Un sourire se dessina sur les lèvres de la musicienne qui commençait à désespérer!
C’est ainsi qu’elle se retrouva au bord du lac à frotter, astiquer, retrousser et parfois même recoudre ces différentes robes, ces jupons, s’occuper des corsages qui lui avait été offert gracieusement par ces hôtes. Elle manipulait le tout avec une tendresse et une douceur empreinte de calme et de patience.
Sans le vouloir, sans même s’en rendre compte, un son sorti de sa bouche. Puis un autre, et elle fredonnait. Tranquillement. Des notes sucrées qu’elle murmurait. Seul le vent était témoin de la mort de son silence.

Messages : 455 Date d'inscription : 01/05/2009 Age : 33

Depuis le départ de Louis, Marie avait connu le pire mais elle avait aussi vécu de bons moments... Elle avait déjà un peu appris à connaître Thomas, qui était vraiment très patient avec elle, elle avait passé énormément de temps avec son fils qui était déjà bien grand... il savait marcher et presque courir, déjà on lui apprenait à lire et à écrire... Un enfant grandit toujours trop vite... Marie avait aussi eu l'impression d'aimer un homme... un homme qui aimait d'autres femmes... deux autres femmes... c'était beaucoup... Mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à lui régulièrement...

Mais surtout, Marie avait prit une bonne autonomie... elle ne s'empêchait plus de sortir la nuit, quand la Cour se reposait... elle ne dormait plus, ou presque plus... ce n'était pas vital pour les vampires, même si c'était conseillé, mais elle, elle n'y arrivait plus... Elle avait besoin de sentir la douceur de la peau d'un homme contre elle, d'être emprisonnée dans les bras de quelqu'un pour pouvoir se reposer vraiment...
Ce jour-là Marie était partie à la chasse... elle avait trouvé un sanglier, pas top mais pas mauvais non plus... elle l'avait vidé de son sang et avait laissé sa carcasse sèche dans un coin des bois. puis elle voulait continuer de se promener... elle avait donc poursuivi sa ballade à cheval dans les bois...
Elle était vêtue assez bizarrement pour l'époque. Elle avait un pantalon d'homme, un peu trop large pour elle car il appartenait à Louis et elle avait enfilé une chemise pour homme aussi. Elle avait noué ses cheveux assez lâchement... si bien que de loin on aurait pu croire à un homme...

Elle marchait au pas dans la forêt... elle était à l'écoute des moindres sons... elle entendit une voix qu'elle n'avait jamais entendu. elle laissa alors son cheval, en sachant pertinamment qu'il répondrait présent si elle l'appelait et elle s'approcha doucement, sans faire le moindre bruit. Elle aperçut finalement Kaät... Marie ouvrit de grands yeux et vérifia à plusieurs reprises, toujours aussi silencieusement, mais oui... il s'agissait bien de la musicienne... Elle n'était donc pas vraiment muette... incroyable...

Marie s'approcha finalement un peu plus bruyamment pour que la jeune femme l'entende arriver. Elle lui sourit, l'observant en silence. ici on n'était pas à Versailles, et elle comptait bien oublier les "madame" ou les "mademoiselle" et les protocoles de la Cour... pas de révérence, pas de supériorité... juste deux femmes qui discutent....
Elle s'accroupit alors et elle glissa le bout de ses doigts sans l'eau froide du lac.... c'est vrai que cet endroit était paisible... marie ne le connaissait pas mais c'était sur, elle y reviendrait pour se reposer....

Messages : 27 Date d'inscription : 29/08/2009

Kaät avait bien travaillé! Si ça se trouvait, elle serait de retour à Versailles avant midi. Un bon travail vite fait bien fait. Elle entendait son maître lui demander si c’était fini. C’était une personne d’une bonté infinie. Cet homme lui avait appris tout ce qu’elle connaissait et maintenant, il n’était plus. C’était la première fois qu’elle le réalisait, ou plutôt la première fois que ça lui faisait aussi mal d’y repenser.
Un écho lui rendit sa voix et elle se tût aussitôt. Cette voix, elle était douce et sucrée. Pourtant, elle laissait à la vampire un grand vide dans la poitrine. Comme si un énorme creux remplissait son ventre et que l’air lui manquait. Pour finir, des pas semblaient s’approcher. Peut-être quelqu’un l’avait-il entendu? Elle retint sa respiration, comme si ça pouvait l’aider à passer inaperçu.
Elle crût d’abord qu’un inconnu s’assoyait à côté d’elle, puis elle reconnut la voix de Marie. Sans trop se demander se qu’elle venait faire dans cet endroit si éloigné, Kaät sourit à la dame. Elle devait beaucoup à la vampire, à commencer par le toit qu’il y avait au dessus de sa tête. Après avoir mimé un « bonjour » et un « Belle journée n’est-ce pas ?» elle lui indiqua qu’elle faisait sa lessive.

« Vous venez souvent ici? » Demanda-t-elle télépathiquement.

Avec le temps, elle avait dû vite apprendre la technique, elle avait encore de la difficulté avec les humains, mais en général les autres vampires comprenait ce qu’elle racontait. Peut-être Marie pourrait-elle lui dire si elle était loin de Versailles. L’heure qu’il était, aussi. Elle ne se sentait pas vraiment obligé de lui demander ce qu’elle fabriquait avec des habits masculins, ça ne la dérangeait pas outre mesure.

« On est loin de Versailles, n’est-ce pas? (Son regard décrivit les lieux d’un bref mouvement d’œil.) C’est très calme! Il n’y a personne. »

Réalisant que l’endroit était peut-être privé, Kaät se tourna brusquement vers la grande dame. N’ayant pas acquis le réflexe de télépathie, elle se mit à mimer ses propos qui se résumaient à une série de mimique incompréhensible par la plupart des gens qui ne connaissait rien au langage particulier de la jeune femme.
Après quelques simagrées, la vampire se rendit compte que son interlocutrice n’avait aucun moyen de comprendre ce qu’elle racontait. Même si elle avait eu certaines notions de langage des signes, Kaät signait si vite qu’elle-même avait du mal à suivre ce qu’elle fabulait. Lorsqu’elle paniquait, la vampire n’arrivait qu’à s’exprimer à moitié avec son nouveau moyen de communication. Ce ne fût qu’après 3 minutes de méditation intense qu’elle pût enfin exprimer quelque chose d’intelligible.

« Est-ce une propriété privée? Si je suis chez quelqu’un je ne l’ai pas fait exprès! Pardonnez-moi. »

Messages : 455 Date d'inscription : 01/05/2009 Age : 33

Marie fut surprise que la jeune femme continue de mimer... pourquoi si elle avait de la voix, ne parlait-elle pas ? Pourquoi est-ce qu'elle ne prononçait pas le moindre mot ? ces questions titillaient l'esprit de Marie qui n'osait pas le lui demander directement... mais c'était sur, un jour elle lui poserai la question; aujourd'hui ou plus tard mais elle finirait par lui demander....
Marie préférait toujours répondre à haute voix, par habitude plus qu'autre chose.

- oui une très belle journée....

Marie était trop occupée à se demander pourquoi est-ce que la jeune femme ne parlait pas ? Elle sourit en faisant un signe "oui" de la tête pour signifier à la jeune femme qu'elles étaient loin de Versailles. Elle ne dit rien de plus, c'est vrai que c'était une belle journée, assez reposante et Marie en était presque mélancolique... En se promenant elle se disait que Louis devait connaître ces lieux, il devait parfaitement connaître les alentours de Versailles... Elle aurait voulut les découvrir en sa compagnie.... Elle chassa assez vite ces idées pour ne pas se rendre triste.
Elle fut surprise de voir l'affolement de la jeune femme, et cette surprise se laissait voir dans son regard.

- calmez vous Käat... je ne comprends pas....

Quand enfin la jeune femme arriva à rassembler ses idées pour formuler quelque chose de correct et de compréhensible pour Marie, Marie se mit à rire un peu... Sans pour autant se moquer.

- bien sur que non... enfin je ne pense pas... je ne connais pas cet endroit, je le découvre tout comme vous... mais je ne pense pas que nous soyons en infraction... n'ayez crainte...

Marie se décolla alors un peu de l'arbre et fit quelques pas, regardant les arbres autour d'elle, sentant le moindre parfum de fleur, de feuille, écoutant le moindre bruit, le vent dans les arbres, les oiseaux volant de branche en branche et discutant entre eux, les rongeurs galopant entre les branches tombées à terre et les plantes les plus basses....
Elle était très pensive, mais elle ne laissait pas Käat entendre ses pensées.
Elle finit par se stopper dos à la jeune femme puis elle se retourna avec une lenteur calculée. Même vêtue comme un homme, Marie avait une féminité dans le visage et une grâce dans les gestes qui faisaient que seul un être humain aurait pu la confondre avec un homme.

- pardonnez ma question... mais nous ne sommes que toutes les deux... Pourquoi, alors que cet endroit et désert et que personne ne peut vous entendre apart moi, pourquoi ne pas parler à voix haute... Vous n'êtes pas muette Käat... je le sais et je vous ai entendu... Cette voix si fragile et cristalline que j'ai entendu aligner de jolies notes tout à l'heure en arrivant vous appartient... pourquoi ne pas l'utiliser ? je ne comprends pas....

Marie ne voulait pas lui imposer une réponse, même si elle l'espérait très franchement. Comme toujours avec Käat, son ton était compréhensif, calme et gentil. Elle ne voulait pas lui faire sentir qu'elle passait un interrogatoire, tout simplement parce que ce n'était pas le cas.

Messages : 27 Date d'inscription : 29/08/2009

Stoppant son va et viens avec sa robe, la vampire se figea. Son regard se perdit dans l’eau, s’y noya presque, cherchant une réponse. La réponse était si simple, alors pourquoi avait-elle tant de mal à parler. Même son maître ne l’avait pas su. Il était mort avant même qu’elle n’ait pu lui expliquer. Comme statufiée, Kaät sentit l’eau glacée lui lécher les doigts et la ramener à la réalité.
Compliqué, tout était compliqué. Encore aujourd’hui. Elle qui pensait que le temps arrangerait les choses. Non, c’était encore difficile. Ça faisait toujours mal. Rien n’avait changé. N’avait-elle pas attendu 23 ans? Combien de temps fallait-il attendre pour que la douleur disparaisse? Pour qu’elle soit capable de parler, d’entendre cette voix. Encore. Fallait-il qu’elle en parle pour que toute cette noirceur dans son cœur cesse d’engloutir ses étoiles…

« Ça s’est passé il y a longtemps. Je devrais arrêter de me tourmenter avec ce qu’elle m’a dit, mais je ne peux m’y résoudre. »

Il ne fallait pas qu’elle y pense. Sinon elle reverrait son visage, la noirceur grandirait et Kaät tomberait. Oui, elle tremblait. Ce n’était ni à cause de l’eau gelée, ni parce que le vent fouettait l’air pour les refroidir. Secouée de terribles frissons d’effroi. Non, elle ne pouvait pas s’en rappeler.

« Si j’y repense, je me ferai engloutir à nouveau… »

Ses pensées n’étant pas filtrées, elle n’était pas sûr de ce que Marie pouvait entendre ou non, mais ça ne la dérangeait pas outre-mesure. Si la vampire considérait son mentor comme un père, elle considérait Marie comme une mère.
Si elle pouvait encore le dire à quelqu’un il se serait sûrement à elle. Après tout, elle n’avait aucune raison de le lui cacher. Pourtant, quelque chose en empêchait la jeune femme. Un sentiment grossier et faible. La honte. Pour tout ce qui s’était passé. Cette journée-là, celle ou une gamine était morte avec son père.

« La personne qui m’a mise au monde était… très malade. »

Ça n’expliquait rien, mais c’était le début de cette histoire. Le début. Tout commençait par cette phrase. « Celle qui m’a mise au monde… » Cette femme, cette vampire, ce monstre.

« Personne ne s’en souciait, sa maladie passait inaperçu, mais moi je le voyais. L’homme qui m’a conçue l’ignorait, comme il ignorait ce qui allait mal. Je suppose que ça la rendait malade d’être ainsi traitée. Quoi qu’il en soit, j’étais la seule à en souffrir. »

Son cœur se serra et aussitôt Kaät se renfrogna. Le trou noir grandissait, il fallait encore se taire. Pourtant, elle avait envie de continuer, elle continuait sans s’en rendre compte.

« En général, tout se passait normalement. On était ce qu’on pourrait qualifier de « famille heureuse ». Tout allait bien, jusqu’à ce que ça dérape. Ça dérapait toujours. À chaque fois, il me disait que c’était la dernière. À chaque fois, j’y croyais. Cette journée-là, je sentais que ça arrivait. Je l’ai vu. Dès le matin, elle n’était pas dans son assiette. Ses baisers étaient secs et crus, son regard était froid et lointain. Je me rappelle encore ce qu’elle m’a dit… »

Se bouchant les oreilles, la musicienne se recroquevilla sur elle-même. Elle ne voulait plus l’entendre. Plus jamais. Ces mots elle n’osait même plus les utiliser. Kaät en avait peur, tellement peur.
Les tremblements redoublèrent, secouée par des sanglots silencieux, la vampire préféra reprendre sa lessive, des gestes vifs, secs et maladroits.

« Le passé est le passé. Je suis… je préfère attendre. Ça me fait… trop mal, maintenant. Une prochaine fois peut-être, nous pourrons en reparler? »

Ses mains tremblaient tellement qu’elle préféra arrêter sa tâche, prendre une petite pause.

« Je ne vous ai pas apporté trop d’ennuis avec le roi? »

» Le futur à besoin du passé [Terminée]
» repenser au passé ne permet pas vraiment d'avancer... [pv sa soeur]
» Petite visite
» Petite chasse qui tourne mal[Dean]
» Petite sieste en bonne compagnie. [Louis]