Après-midi nuageuse.[Thomas]

Tom avait récupéré des appartements depuis au moins une semaine au château. Il n’avait pas quitté sa taverne de gaité de cœur, il était tranquille là bas. Enfin, ce n’était pas mal non plus ici. Bien que tous ses mouvements soient épiés par les courtisans se demandant pourquoi il était là alors qu’il n’y avait plus de roi… Officiellement, il était encore un prince bâtard de la couronne britannique. Marie n’avait pas encore montré la lettre de Louis. Qu’attendait-elle donc, Que le château et le royaume tombe en décrépitude ? Il ne la comprenait pas toujours, cette tante qui lui avait ouvertement avoué haïr sa mère… Enfin, il se promenait dans les bosquets. Pour une fois, ses deux compères ne l’accompagnaient pas. Ils avaient voulu venir pourtant, mais il les avait refoulé, il avait besoin d’être seul.

Au détour d’un bosquet, il sentit une odeur. Une vampire. Il ne s’approcha pas. Il n’avait pas envi qu’on le harcelle de questions Savoir pourquoi il était encore là, si il envisageait de prendre une France de la noblesse française… Les gens pouvaient avoir une imagination débordante parfois. Quelqu’un qui ne l’avait jamais croisé n’aurait pas pu le distinguer d’un valet. Il était habillé très simplement. Un pantalon de toile solide et noire, et une chemise en lin. Bref, ce n’étaient pas des tissus qui convenaient à un prince, mais Tom n’en avait toujours fait qu’à sa tête, il n’allait pas changer maintenant. Il avait les cheveux en bataille, comme d’habitude, mais ce qui changeait, c’est que contrairement à son habitude, il était de sombre humeur, comme le temps.

Tom lisait en effet dans les pensés, comme tous les Mancini… Pouvoir qui leur avait surement été utile lors de l’arrivé du célèbre ministre Mazarin au pouvoir, mais il pouvait également torturer par la pensé. La vampire pouvait tout de même se rassurer, Tom ne lisait pas dans l’esprit des gens gratuitement.
Elle ne voulait voir personne, tout comme lui. Il allait tourner le dos pour partir en sens inverse quand il entendit une pierre rouler. Il se précipita alors, ayant un peu l’habitude de voir les jeunes femmes tomber sur les graviers des chemins. Elles avaient tendance à mettre des souliers à talons, comme ces messieurs qui aimaient à se pomponner pour être toujours plus élégants. Il fut donc juste devant elle quand elle se rattrapa de justesse. Il lui sourit malicieusement. A chercher à s’éviter, ils finissaient tout de même par se rencontrer. Le jeune homme ne pu s’empêcher de penser que la jeune femme qui lui faisait face était tout de même très belle, comme tout vampire qui se respecte. Il fit à son tour une révérence, comme un valet l’aurait fait à une grande dame. Il ne voulait pas qu’on le reconnaisse. S’il pouvait être tranquil, il préférait d’autant plus rester dans l’anonymat.

-Mademoiselle ? Pas de mal ?

Il allait quand même lui demander, histoire de ne pas paraître pour un mufle. Il fut intrigué par sa tenue. Rouge et noire. Bien que très belle, elle était tout de même très sombre. Pourquoi ces couleurs de deuil ?

Bah il n’avait pas non plus fait une révérence digne d’une reine… Mais il sourit à nouveau en l’entendant. Pourquoi cette révérence ? Hum… Ne pouvait-on pas faire une belle révérence à une belle femme ? Elle se doutait qu’il n’était pas un valet… Pourtant, il ne faisait rien pour lui faire penser autre chose… Il n’avait pas l’air particulièrement noble, enfin, surtout quand il était bourré dans un coin d’une taverne.

-Un beau salut pour une belle demoiselle. Cela vous offusque-t-il ?

Iseult… C’était joli, peu commun, il ne l’avait encore jamais vu ici. Etait-elle de passage ou simplement nouvelle à la cour ? Tom n’était pas déguisé, il s’habillait souvent comme ça, il n’aimait pas les justaucorps que mettaient les autres courtisans. Puis après tout, il était libre d ses actes encore pour le moment. Peut-être plus pour longtemps, alors autant en profiter.

-On m’appelle Tom. Que faites vous donc ici par un temps maussade ? Les autres courtisans sont dedans…

Cherchait-elle tout comme lui la tranquilité ?

Ah bon, il avait eu peur qu’elle ne se sente gênée d’une telle révérence XD. Elle avait les yeux rouges, c’était assez perturbant. Ils contrastaient avec ceux de Tom, qui étaient bleu pâle. Pourquoi avait-elle donc les yeux rouges ? Il fit un petit mouvement de tête pour dire qu’il était lui aussi enchanté de cette rencontre finalement. Contrairement à elle, Tom n’aimait pas particulièrement les temps pluvieux, il était sortit pour fuir tout ce monde justement. Il lui sourit avec une pointe d’amusement dans le regard.

-Oui, le calme, mais surtout, je fuis les courtisans, ils ne me laissent pas en paix ces temps si… Tout le monde voudrait me voir marier.

Après tout, il se fichait bien de dévoiler son identité. Si un courtisan venait à passer, il serait grillé de toute manière. Il se demandait bien pourquoi les bruits courraient sur un éventuel mariage… certes, il n’était pas rentré chez lui après la mort du roi, mais cela pouvait également s’expliquer par la présence de sa tante… ne pouvait-il pas juste lui rendre visite ?

-Mais voyez-vous, la sérénité de ce jardin a été compromise par une charmante donzelle au détour d’un bosquet, et pourtant, je n’en suis pas déçu.

Il fit un sourire malicieux avant de plonger son regard clair dans celui sanguin de la jeune femme.

Oui, en France, les vampires n’avaient pas les yeux rouge, où alors, ils étaient affamé et dans une colère noire. Tom étant né en Angleterre, il pouvait également dire que sur les îles de la couronne britannique, la mode n’était pas aux jeux rouges non plus. Oui, se marier, la corde au cou… pourquoi une telle chose aurait du lui arriver ici ? Déjà qu’il était plutôt du genre cavaleur… si il devait devenir roi dans les jours qui suivaient, il se voyait mal prendre une femme tout de suite. Après tout, son père ne s’était pas marié et n’avait aucuns héritiers officiels en plusieurs millénaires de règne. Il lui sourit, elle partageait son opinion pour ce qui était du mariage. Tom sourit de plus belle face à ses excuses. Lui n’était pas triste de l’avoir rencontrer.

-Bénéfique, n’exagérons rien… je sais que les demoiselles aiment à m’accompagner et à me suivre, mais j’aspire aujourd’hui à la tranquillité.

Il rigolait bien sur… quoique… il avait beaucoup de sucées auprès des filles et il n’avait jamais besoin de faire quelque chose pour qu’une donzelle lui tombe dans les bras. Elle soutenait son regard et semblait amusé.

-Avec plaisir, profitons que les vautours soient dans les salons pour nous promener.

Pour une fois qu’il n’y avait pratiquement personne dans les jardins… c’était une aubaine. Tous ces enfarinés craignaient la pluie, à coup sur, pourtant, ils n’étaient pas en sucre…

Elle était maladroite, ça devait être marrent parfois, mais elle devait s’attirer des ennuis. Oui, elle avait raison, Tom était un tombeur malgré lui, il ne faisait rien pour, se laissant aller, ne s’habillant jamais avec goût, ayant toujours les cheveux en bataille, n’en faisant qu’à sa tête… Mais à croire qu’un homme négligé plaisait aux femmes. Il sourit à nouveau, tout en marchant dans les bosquets.

-je suis un tombeur sans même le vouloir… j’attire les demoiselles comme le miel pour les ours… pourtant, je ne fais rien pour.

D’un geste négligé, il montra sa tenue. Il ne se rendait pas compte qu’elle faisait attention ou elle posait les pieds pour ne pas à nouveau tenter de tomber. Si elle avait chuté, il ne l’aurait pas prit pour une idiote, et il n’aurait même pas rit, même si cela était risible. Il n’était pas du genre à rire du malheur des autres. Que faisait-elle là si elle ne cherchait pas à atteindre les puissants comme les autres courtisans ?

-Et vous, que venez vous chercher à Versailles ? Gloire ? Fortune ? Vous n’en avez pas l’aire…

Elle ne semblait pas comme tout ces charognards qui pouvaient écraser le voisin pour prendre sa place.

Oui, elle avait raison, il y avait bien pire dans la vie que d’être le tombeur de ces dames. Il sourit à cette pensé. Contrairement à ce qu’elle pensait, Tom n’était nullement irrité lorsqu’une jeune fille semblait l’ignorer, tampis pour elle, lui il en avait déjà bien assez collé à ses chausses. Il ne s’était pas trompé, elle ne recherchait pas la même chose que les autres courtisanes. Il haussa un sourcil à sa réponse… elle cherchait la nostalgie ? Mais laquelle. Quel âge pouvait-elle avoir ?

- La nostalgie de l’ancien temps… de quel temps parlez-vous ? Celui avant la mort du Roy survenu il y a quelques jours, où celle bien avant ?

Oui, il était un peu curieux, mais si elle ne voulait pas répondre, elle n’y était pas obligée… Tom leva la tête observant le ciel bien gris. Allait-il bientôt pleuvoir ? Cassy aurait pu le lui dire, dommage qu’elle soit partie… quand reviendrait-elle ? La hargne qu’elle mettait à lui envoyer des piques lui manquait, et hormis ses amis d’enfance, il se sentait bien seul et ça ne s’arrangerait pas quand il monterait sur le trône. Déjà il avait ramené Marie la veille… pourquoi c’était-elle échappé du château. Elle avait enfanté dans les bois dans de mauvaises conditions...

-Vous devez me trouver bien indiscret, mais vous sortez du lot et pour une fois que je peux avoir une conversation normal, j’en profite.

Waouh, il était en face d’une ancêtre, elle était même plus vieille que sa mère, lui qui pensait que la jeune fille était une gamine, ben oui, il ne l’avait jamais vu avant, c’était un retour au source très lointain pour elle, il sourit. Elle n’avait rien retrouvé de ce qu’elle espérait, la pauvre, c’est vrai que les choses changeaient vite, on était obligé de raser le vieux pour bâtir du neuf. Il sourit de plus belle, c’était ça le progrès.

-Tout change… avez-vous au moins retrouvé quelque chose de semblable ? car le château à été construit, emportant avec lui maintes choses.

Et oui, Versailles était récent et encore souvent en travaux… Finalement, ses indiscrétions ne la dérangeait pas, tant mieux, ça aurait été dommage de se priver. Elle avait raison, c’était agaçant, mais il fallait qu’il s’habitue à cette cour, même si finalement, elle était très semblable de celle d’Angleterre. Et les choses allaient aller en empirant, vu qu’il était destiné à être le prochain roi de France. Il se faisait petit à petit à l’idée.

-Certes, mais mon avenir est ici, et je ne serais pas beaucoup seul à l’avenir, je profite donc des derniers instants qu’il me reste tant que ma présence n’est pas indispensable.

Il ne fallait pas non plus qu’il en dise trop, personne ne savait qu’il allait prendre la tête de l’état et qu’il était le fils de Louis… si cela venait à se savoir trop tôt, adieux les moments de tranquillité qu’il pouvait encore espérer avoir.

-Avez-vous des projets pour la suite de votre retour aux sources ?