Représentation publique [Libre à tous]

Ava était d’humeur joyeuse aujourd’hui, en effet, elle avait le privilège de jouer en temps que premier violon dans l’orchestre du château, qui devait donner une représentation face à la cour. Personne ne savait si le monarque les honorerait de leur visite. Elle avait eue rendez vous pour un entrainement avec le reste des musiciens la veille. La majorité étaient des humains, mais elle n’avait aucune envie de les mordre, quand elle jouait sur son violon, elle ne pensait plus à rien. On pouvait se battre autour d’elle, elle n’aurait même pas ouvert les yeux.

La pression commençait à croitre en coulisse, le chef d’orchestre courrait partout, donnant des recommandations de dernières minutes. On aurait dit qu’il essayait de se réconforter lui-même. Ava avait plus envie de rire qu’autre chose… elle pouvait néanmoins comprendre que le pauvre homme avait peur de perdre sa place, qui lui donnait une place enviable au sein de la communauté des artistes.

Quand ce fut l’heur, les musiciens se placèrent sur scène, face au publique, Ava et le chef restèrent en coulisse le temps que tout ce petit monde s’installe. Il y avait vraiment de tout comme instrument, mais ce soir, ce serait eux deux les étoiles du spectacle. Ava fit son apparition, vêtue d’une sublime robe bleue nuit, qui mettait en avant sa pâleur, la finesse de ses traits et la sublime couleur de ses yeux. Même si les spectateurs le plus mal placés ne pouvaient que peu profiter du spectacle.

Le chef fit enfin son entré. Ava n’était pas assise comme les autres musiciens. Étant premier violon, elle trônait au milieu de l’orchestre, debout, face au chef, bien que lui, soit monté sur un pied d’éstalle. Il leva sa petite baguette, la tapant sur son pupitre, comme pour réclamer l’attention, alors que tous les musiciens avaient le regard braqué sur lui, dans l’attente d’un signe de sa part. Il fronça les sourcils avant de se mettre en mouvement, les bras plus rapide de l’éclair.



Les musiciens se mirent à jouer, et Ava avec eux. Le son qui ressortait le plus était son violon, les autres ayant pour rôle de faire les accompagnements. La vampire avait l’impression de ne faire qu’un avec son archet, qui filait sur les cordes à grande vitesse. A vrai dire, elle rayonnait, au milieu de tous ces musiciens. Il lui en fallait peu pour être heureuse, et là, elle l’était.

Même si Ava avait l’habitude de fermer les yeux pour jouer, elle suivait scrupuleusement les signes du chef, qui lui indiquaient quand elle devait reprendre, arrêter… D’habitude, il était facile d’écouter les autres pour savoir quand reprendre, quand faire des pauses, mais là, ils étaient bien trop nombreux. Une vingtaine de musicien étaient plus dur à gérer au niveau musical, car si chacun y mettait sa fantaisie, le plus beau des airs se transformait vite en cacophonie.

Ils enchainèrent ainsi plusieurs partitions, puis il fut temps de la pause. Une pause bien mérité qui permettait aux musiciens de boire un peu, et de se restaurer. Ava quitta la scène, laissant son violon sur une chaise, avec ceux des autres musiciens. Personne n’avait de loge, après tout, il n’y avait pas besoin de tant d’espace pour se mettre à l’aise. Il faut dire aussi que les artistes n’étaient pas aussi bien traités que maintenant.

Avalone se retourna brusquement quand elle entendit quelqu’un la féliciter. Elle lui sourit, puis lui fit à son tour une révérence. Elle ne savait pas à qui elle avait à faire, mais les compliments étaient toujours les bienvenus. Et quel compliment ! La jeune femme la complimentait tant sur sa musique que sur sa beauté à elle. Elle sourit de plus belle.

-Tant de compliment me flattent, je joue depuis fort longtemps en effet. Depuis la création du violon, cet instrument me fascine en fait, il recèle tellement de mystères, qu’après tout ce temps, je ne m’en lasse pas.

Leria Syviel… oui, elle commençait doucement à se faire un nom dans le monde de la mode. Ava en avait entendu parler. Elle lui fit un petit mouvement de tête pour la saluer et se présenta à son tour.

-Avalone, premier violon de monsieur Lully.

Ava ne se doutait pas une seconde qu’elle ait pu un jour inspiré son fils pour une hymne, ou qu’elle ait basculé du mauvais côté, elle qui ne cautionnait pas la guerre. Elle ne se doutait pas non plus une seule seconde qu’elle aurait des enfants… Elle était si fine, si fragile. Elle ne semblait pas avoir la constitution nécessaire à l’enfantement.

-Vous intéressez vous aussi à la musique en plus des chiffons ?

Elle avait dit chiffons, mais Ava parlait des différentes étoles qui servaient à la confection des robes. Elle-même ne prenait aucun soin à sa garde robe, elle passait généralement le plus clair de son temps nue, alors bon…

Normal, elle n’était pas enceinte… et elle ne se prenait pas pour une divinité… enfin, elle se savait belle, mais de la à être une déesse… peut-être pas. Quand elle parla de l’innovation musicale, Ava haussa un sourcil intéressé. Lully était une référence au niveau musicale dans le monde civilisé…

-Qu’appelez vous innovation musicale ? Monsieur Lully est une référence.

Elle écouta avec attention l’histoire de la jeune femme. Cendrillon. Elle ne savait pas qui s’était, mais cette comptine avait l’aire mignonne.

-Une fée ? C’est une jolie comparaison. J’aime bien votre histoire. Travaillez-vous beaucoup en ce moment ?

Pour qu’une couturière soit dans l’opéra royal il fallait qu’elle soit doué, que ses créations plaisent. Peut-être allait-on voir bientôt dans les salons ses premières créations.

-On parle de vous déjà, des dames se plaisent beaucoup à évoquer vos œuvres, il me plairait un jour, si vous en avez le temps de voir ce que vous faites. On ma rapporté que c’était très osé et nouveau.

Il fallait un peu de nouveauté, car on commençait à s’ennuyer un peu dans le château. En plus, Ava n’était pas du genre à parler chiffon longtemps, mais si la jeune femme pouvait lui faire des robes ou elle n’aurait l’impression d’être enfermé, ou étouffé dans une gaine ou un corset.

Elle était charmante, va la trouvait sympathique. Si cette femme pouvait rendre les vêtements de cour plus confortables, elle devait-être admirable. Elle lui sourit, elle allait lui répondre quand un garde fit irruption dans les vestiaires. L’entracte n’allait pas tarder. Elle tourna la tête vers lui, se demandant ce qu’il faisait là.

-Un physique parfait, comme vous y allez ! il me plairait de vous voir à l’œuvre.

Quand le garde délivra son message, Ava resta sans voix, le Roi était mort ? Non ! Impossible. Elle observa la jeune femme un instant, ne disant plus rien. Elle avait les oreilles qui bourdonnaient. Comment pouvait-il être mort ? Leria s’affala dans un siège. Etait-elle désemparée de la mort du monarque. Elle s’excusa et fila. Comment pouvait-il être mort. Leria lui avait dit que si elle avait des problèmes elle pouvait venir la voir. Des problèmes… ? Quels problèmes… ?

-Merci, je n’y manquerais pas.

Elle se dirigea alors rapidement vers les appartements du roi, juste assez rapidement pour éviter la cohue, et juste assez rapidement pour voir Marie embarqué par un jeune homme. Elle était en larme. C’était donc vrai…