Le désespoir est le suicide du coeur [Ruuqo]

Depuis que nous étions arrivés dans ce trop grand château, je ne me sentais pas à ma place. Heureusement que j’avais un bon sens de l’orientation, sinon, je me serais à coup sur perdu. Il faut dire qu’en plus de tous les couloirs dédiés aux nobles gens, il y avait des couloirs parallèles pour les fourmis à leur service. Il m’arrivait souvent d’emprunter ces couloirs pour plus de discrétion quand je rejoignais les jardins la nuit. Il faut dire que depuis que j’avais retrouvé les corps d’Eila et Sandhya, je ne dormais plus. Je n’avais jamais beaucoup dormi depuis ma transformation, étant habitué même lors de ma vie humaine à ne dormir que d’un œil, mais là, j’étais devenu insomniaque.

Survivre à ma femme m’était pénible, mais à mes enfants, c’était horrible. Impensable. C’était mon deuxième enfant que je perdais, et également ma deuxième femme. J’avais déjà été marié il y a quelques siècles. Ma fille avait été brulé vive par les humains et les vampires et ma femme s’était suicidé, et maintenant, tout recommençait. Alors que j’avais eu la chance et le bonheur de retrouver une famille… on me l’arrachait. A croire que le sort s’acharnait contre moi. Je ne voyais vraiment pas pourquoi contrairement aux autres, je n’avais pas le droit au bonheur.

Je marchais donc sans but dans mon trop grand appartement Versaillais. Trop grand, car il ne faisait pas moins de 4 pièces pour moi tout seul sans compter le cabinet de toilette et le dressing. Comme si j’étais le genre d’homme à avoir une collection de vêtements. Tout ça me faisait penser à Eila… si elle avait été là, elle aurait surement aimé cet endroit, c’était lumineux à souhait, spacieux. La vie de princesse qu’elle avait tant méritée… et elle n’était plus là.

Les appartements de Ruuqo étaient justes à côté des miens… Son bureau communiquait avec le mien par une porte dérobé. J’étais quasiment persuadé qu’avec mon ouïe fine, si je me concentrais, je pourrais écouter notre petit couple en plein ébat amoureux. Ça me dégoutait… Ce grand appartement me rappelait à quel point j’étais seul.
A force de marcher de long en large, je finis par renverser un fauteuil qui culbuta une table où ma servante avait déposé un bouquet de rose fraiches ce matin. Je ne l’avais pas remarqué jusqu’à ce que les roses s’éparpillent au sol au milieu des débris de bois et de verres. Combien de fois avais-je dit à cette empoté que je ne voulais pas de roses, ni même de fleurs dans mes appartements ?

-Nom d’un chien ! Je vais la saigner cette garce !!!

C’était ma fille qui apportait des fleurs à son cher papa ! Depuis sa mort, je ne voulais même plus en voir en peinture !

Contrairement à ce que pensait Ruuqo, il ne m’avait pas tout appris. J’étais quand même né dans une troupe de mercenaire et à 6 ans, j’accompagnais déjà mon père adoptif sur les champs de bataille pour porter ses armes. A 9 ans, j’avais déjà tué mon premier adversaire alors que j’étais encore humain. Je n’avais été transformé par Ruuqo que quelques années après. Il s’était peut être occupé de moi, mais il ne m’avait pas tout appris. Je savais déjà me défendre et tuer bien avant de le rencontrer.
Pour ce qui était de mes larmes, je savais que si je les laissais sortir, je ne m’arrêterais plus. J’avais accumulé trop de souffrances en 2000 ans de vie et je ne voulais pas provoquer le déluge. A vrai dire, je n’avais jamais songé à pleurer… je n’y arrivais pas, je devais être sec à l’intérieur. La souffrance et la mort étaient mon passé, mais également mon horizon. Je ne voyais rien d’autre en perspective.
Si j’avais su ce que mon ami pensait de son fils je me serais surement esclaffé. Depuis le temps que Ruuqo était au pouvoir, il avait oublié la règle de base chez les loups. C’était la loi du plus fort, et pas celle du sang. Si Mathias voulait un jour monter sur le trône il devrait surement combattre les autres prétendants et montrer à tous qu’il était le plus fort. Ce n’était pas moi qui allais lui mettre des bâtons dans les roues. Si j’avais voulu le faire, j’aurais pris la place de son père et écouté Eila qui me l’avait demandé à l’époque. D’un coup, la porte s’ouvrit sans que je n’aie entendu toquer. Je tenais un vase dans la main droite. Je me retournais et l’envoyais s’exploser contre le mur, frôlant l’oreille de Ruuqo. S’il pensait être le bienvenu chez moi, c’est qu’il n’avait pas tout bien suivi. Personne n’était le bienvenu chez moi. Les gens respirant le bonheur et la joie de vivre me révulsaient et me donnaient envie de les jeter par la fenêtre. Je le dévisageais tandis qu’il me demandait des invitations… Mais des invitations à quoi ? Je n’avais parlé de saigner ma servante que sous le coup de la colère. Je ne savais même plus de quoi il parlait.

Je haussais les épaules en tirant les rideaux. Il faisait bien trop clair dans ses appartements. Une fois que les fenêtres du salon furent toutes caché, je fis fasse à Ruuqo. Il était un peu plus grand que moi, mais j’étais bien plus carré que lui. J’avais attrapé une des roses éparpillés au sol et la montrais à mon ami.

-Regarde ! Je lui avais bien dit que je n’en voulais pas !

Je ne savais pas s’il comprendrait de quoi je voulais parler, mais moi je me comprenais, et ça me mettait hors de moi. Mes yeux étaient comme fous passant de la rose aux yeux de mon alpha. Voir cette rose me faisait vraiment penser à ma fille. Ma petite Sandy qui avait grandi trop vite devenant une jeune femme vive. Trop vive parfois, qui adorait me défier. Je me souvenais que je me mettais dans des fureurs noires quant-elle s’amusait à me défier publiquement. Et maintenant, je m’en voulais… ma fille ne voulait manifestement que l’attention de son père. Elle était allé jusqu’à s’acoquiner avec un vampire dans le seul but de me faire m’intéresser à elle. Comme elle me manquait… La vie sans les deux femmes qui avaient remplis mon existence n’avait pas vraiment de sens à mes yeux. Tout ce qui me faisait penser à elles me mettait au supplice. C’était de la torture. Leurs fantômes me hantaient dès que je fermais les yeux. Chaque rire de couloir me faisait penser aux leurs. Comme ma femme me manquait.

-Mais regarde !! je sais qu’elle l’a fait exprès ! elle va me le payer !!!

Je tournais le dos à Ruuqo pour empoigner un fauteuil et l'exploser contre un des tableaux représentant une scène de chasse.

Je ne vois pas pourquoi tout le monde se demandait comment il réagirait s’il était à ma place. Tous ces gens n’étaient pas à ma place et ne pouvaient pas imaginer ce que je vivais. Je n’avais aucune envie de plaisanter comme avant. Je me sentais vider de l’intérieur, comme si ma raison ne tenait qu’à un fil. Depuis que Shalimar et Ruuqo s’étaient mariés, certains loups venaient dans mon bureau pour me faire part de leurs inquiétudes. Ruuqo avait changé, il était heureux, il s’occupait moins des rebelles et plus de son fils. J’avais eu tôt fait de les jeter hors de mon bureau à coup de pied. Comme si je n’avais pas assez de mon malheur, les autres venaient me raconter leurs problèmes. Je ferais mieux de vérifier si quelqu’un n’avait pas collé un écriteau avec « bureau des réclamations » écrit dessus. Qu’es ce qui faisait penser à tout ces gens que je les écouterais ?

Je devais quand même bien avouer que notre chef s’était un peu ramolli et que s’il ne reprenait pas un peu du poil de la bête, les autres remettraient son autorité en cause. Moi qui piquais tout le temps des colères monumentales, on ne risquait pas de m remettre en cause. Peut être me prendre pour un fou… surement… Je tournais la tête vers lui, je n’avais pas jeté le vase parce que c’était lui, mais parce que je n’avais aucune envie d’avoir de la compagnie à ce moment précis. Ça aurait été quelqu’un d’autre, j’aurais fais pareil. Je haussais les épaules.
Oui, j’avais piqué une colère pour des simples fleurs. Mais pour moi, ça signifiait bien plus que de simples fleurs. Ça me remémorait des souvenirs qui m’étaient pénibles. Penser que je ne reverrais jamais ma fille et ma femme m’était insupportable. Je le regardais un peu hagard, il voulait appeler quelqu’un pour nettoyer tout ça ? non, je ne le voulais pas. Je préférais encore des meubles cassés qu’un endroit coquet. Je n’étais pas un loup d’appartement moi.

-Non !

Ruuqo avait la mémoire courte. J’étais déjà passé par là quand ma première femme s’était suicidée suite au meurtre de notre fille Louna. Ça remontait à quelques centaines d’années, mais tout de même. Il voulait sortir. Shalimar ne voulait pas aller cueillir de fleurs aujourd’hui ? Courir dans les champs en exposant son bonheur aux yeux de tous. Un bonheur écœurant. Je grognais doucement. C’était plus par tristesse que par colère.

-Sortir… mais il fait jour.

La lumière du jour m’était presque insupportable. Je devenais catatonique à force de rester dans mes appartements, mais je ne voulais pas vraiment sortir. Je m’entrainais souvent à l’épée, ça me permettait de m’évader, de penser à autre chose, mais je faisais ça le soir où la nuit. Comme je ne dormais quasiment plus il fallait bien que je m’occupe. J’étais très en forme en ce moment. Je suis sur qu’il aurait bien fallu dix adversaires pour me fatiguer.
A mes yeux, tout allait bien, je ne me rendais pas vraiment compte de mes accès de rages. Ils faisaient partit de mon quotidien tant et si bien que c’était devenu normal à mes yeux. Les gens heureux me tapaient sur le système, mais je ne supportais pas les gens tristes. Autant dire que je ne voulais voir personne.

Évidement, certains loups n’étaient pas rassurés du fait que leur chef ait autant changé en l’espace de deux ans. Etre un papa heureux lui allait peut-être bien, mais le voir si changé pouvait effrayer les autres. Je savais que même si Ruuqo respirait la joie de vivre, il restait quand même notre chef, mais certains avaient tout de même un peu peur. Sans un chef à la poigne de fer, les troupes avaient peur d’une débandade. Ce n’était pas nos amis qui étaient venu à la pèche aux informations, mais plutôt des soldats qui ne reconnaissaient plus leur leader.

Si Ruuqo me parlait de Jacob Black cette histoire allait mal se finir. Je haïssais ce type. La prochaine fois que je le croisais je lui arrachais la tête et je la plantais sur une pique. Dire qu’il faisait maintenant partit de la résistance. Ça me désespérait, comment un enfant ayant si peu de jugeote pouvait encore être en vie. Je l’aurais bien vu mort dans une charnière, ça m’aurait surement fait du bien. La vie était vraiment injuste tout de même. Ce blanc bec était en vie alors que ma famille avait été décimée. En plus, il paraissait qu’il s’était marié et qu’il avait un enfant. Après avoir essayé de voler ma femme, il s’était trouvé une sangsue. Autant dire que ça avait bien fait rire les loups qui vivaient avec nous et qui l’avaient connu. Comment avait-il tomber si bas. C’était si avilissant de s’acoquiner avec des vampires, alors aller jusqu’à en épouser un. Il ne fallait avoir aucun amour propre.

Je ne disais rien, restant muet les yeux rivés sur la rose que je tenais toujours dans ma main, jusqu’à ce que mon ami me compare à un vampire. Je ne bougeais pas d’un cil, sentant la fureur bouillir dans mes veines. Je fermais le poing, broyant la tige de la rose, je levais petit à petit les yeux pour croiser enfin son regard. Le mien brillait d’une fureur nouvelle. Me faire comparer à une de ces vermines me hérissait le poil sur la nuque. D’un coup, je lui envoyais un coup de poing en pleine mâchoire, le faisant basculer en arrière. Je lui sautais dessus, le faisant tomber au sol pour de bon. Je l’empoignais par le col avant de l’aider à se relever.

-Pauvre type ! moi je ressemble peut être à une sangsue, mais toi tu es aussi faible qu’eux.

Chacun son tour pour les vacheries. Avant, j’étais toujours en vadrouille, je prenais le soleil. Là, c’est vrai que je ne sortais que la nuit. Ça devait-y faire, mais au point d’avoir blanchi ? je n’avais jamais vraiment eu le teint blanc, je m’inquiétais pour moi-même, je n’étais pas du genre à être malade, mais si je voulais pas ressembler à ces cadavres ambulant que l’on croisait parfois dans les couloirs.
Une fois debout, je me dirigeais dans une salle à coté pour aller chercher mon épée, puis revenir au près de Ruuqo.

-Ben alors ! je t’attends ! on y va ?

Ruuqo rigola sur le coup, tant mieux, je ne l’avais frappé que pour lui signifier que je n’étais pas au fond du trou au point de me laisser insulter sans rien dire. Même a l’article de la mort, je mettrais une trempe à quiconque m’insultait où se moquait de moi. Je n’oubliais pas que c’était les vampires qui avaient tué ma famille, mes filles. Il n’y avait pas pire insulte à mes yeux. Mais j’étais conscient du fait qu’il s’inquiétait pour moi alors que l’inverse était vrai aussi. Je m’inquiétais par ce qu’il s’empâtait à faire plus de sport en chambre que d’entraînements à l’épée. Je devais bien avouer que je l’enviais. Non, pas d’être avec Shalimar… Cette fille était une petite sœur à la rigueur, mais pas une compagne. Ce que j’enviais, c’est que mon ami soit en couple, et que moi, je n’ai plus rien. J’avais un trou béant dans la poitrine. J’étais un corps sans cœur… sans véritable vie. Ce qu’il me restait c’était mes automatismes. L’habitude de vivre me faisait rester debout.

-Ce n’es pas mes réflexes que j’ai perdu, mais ma famille.

Je le suivais dans le couloir, je comptais bien faire comme si j’avais l’assassin de ma famille devant moi. La lame épaisse de ma pourfendeuse était posée sur mon épaule. Pour ne pas blesser d’amis où de soldats, je m’entrainais souvent seul dans la forêt, mais les arbres n’étaient pas très glorieux au levé du soleil. Je ne pouvais pas déboiser toute la forêt royale non plus… Les animaux s’échapperaient en nous n’aurions plus de gibier. Une fois dehors, je m’installais sur un magnifique parterre de fleur que je piétinais sans y faire apparemment attention. Il y avait des milliers de fleurs dans ces jardins, un des jardiniers rattraperait ça un peu plus tard. Il fallait bien qu’ils soient payés à quelque chose. Je haussais les épaules à sa boutade sur le soleil.

-Je préfère la nuit, on y croise plus de vampires à combattre. Peut être que tu le saurais si tu m’accompagnais de temps en temps.

Au lieu de coucher dans les bras de Shalimar. La dernière fois, nous n’avions pas achevé notre combats, je ne savais pas vraiment qui aurait gagné, mais cette fois, j’étais près à lui donner une bonne correction pour qu’il se bouge et arrête de jouer les bourreaux des cœurs pour se conduire à nouveau en chef. J’armais mon bras, mettant mon épée en garde, prêt à croiser le fer avec mon ami.

-Bon, on attend quoi ? de prendre des coups de soleil ?

J’étais effondré, détruit de l’intérieur, mais ce n’est pas pour autant que j’allais me laisser insulter, où rabaisser par qui que ce soit. Je n’avais jamais pensé au suicide. Je trouvais ça lâche, et j’avais toujours voulu mourir l’épée au poing dans un combat. J’étais un guerrier depuis trop longtemps pour succomber à la maladie où à un chagrin. Mais là, ce n’était pas pareil. J’étais maintenant persuadé que l’on pouvait mourir d’amour, j’avais cru mourir à mon tour quand Eila et Sandhya étaient mortes, elles étaient si jeune, c’était inimaginable. Pourtant, je commençais à remonter la pente petit à petit. Je passais beaucoup de temps à chercher les vampires qui tenaient tête à la suprématie des loups et qui tentaient par de minables interventions de saboter notre pouvoir. Je passais du temps à la Bastille, torturant les prisonniers pour avoir de nouvelles informations. Ruuqo posa une main sur mon épaule alors que nous étions encore dans mes appartements. Je ne m’étais pas dégagé, même si ses paroles étaient veines. Continuer à vivre alors que ma famille avait été décimée. C’était facile à dire.

Nous étions maintenant dehors, prêts à combattre. Il me proposait de m’accompagner la nuit à la chasse aux vampires si je le souhaitais. Il faisait ce qu’il voulait, mais ça lui ferait du bien autant qu’à moi de prendre un peu l’air. A force de rester dans son lit et de faire ses nuits entières comme les enfants, il allait régresser et devenir plus mou que son fils. Mathias était un jeune garçon très habile à l’épée de bois. J’aimais bien l’entrainer de temps en temps, bien que pas très patient avec lui, je pense qu’il aimait bien cela aussi.

-Serais-tu à mon service Ruuqo ? il me semblait pourtant que c’est toi qui donnait les ordres ici !

Ruuqo se rua sur moi, attaquant sans détours, sans fente, comme un débutant tapant dans le tas en espérant faire mouche. Je n’étais pas aussi malhabile que ça. Esquiver une attaque directe, voila qui était simple. Je fis un pas de côté, puis déviais sa lame en lui entrechoquant la mienne. Nous n’avions jamais fait semblant de nous battre, nous faisant de vrais blessures parfois. Je l’attaquais à mon tour, frappant de côté, me déplaçant instantanément derrière lui pour lui mettre un coup de pied à l’arrière de l’articulation du genou pour le faire ployer. Je lâchais la garde de mon épée qui chuta dans l’herbe fraiche, puis dégainais un petit coutelas que je lui plaquais sous la gorge.
Je me penchais sur lui pour lui susurrer avec ironie au creux de son oreille.

-Il me semble que tu es un peu rouillé mon vieux.

Je me doutais bien que si moi aussi j’avais perdu Shali et Mathias j’aurais été dans le même état que Dean mais bon la vie était quand même parfois bien compliquer et certaines chose était vraiment impossible à éviter, je n’avais pas pu m’empêcher de me transformer en loup tellement j’avais adoré ma petite famille de loup et je n’avais pas pu m’empêcher de tuer des gens sans scrupule et créer une meute. Tout ce que j’avais fait ou dit je ne l’avais jamais regretté, même maintenant alors que j’ai une femme et un gosse je ne regrette pas tout le mal que j’ai fait. En plus je continu même si c’est moins souvent, je n’ai peur donc pas la main. J’étais quand même fière que malgré sa grande tristesse Dean réplique à mes insultes, s’il ne l’avait pas fait j’aurais quand même trouvé cela vraiment bizarre venant de sa part. Il avait toujours de bonne réplique pour casser les gens ou leur faire mal moralement. Je le voyais des fois sortir du château pour aller à la bastille, je le laissais faire me disant qu’il était mieux pour lui de s’occuper des opposants, seul.

J’eus un sourire quand Dean me demanda si j’étais à son service, alors là il pouvait rêver celui la. Jamais je ne serais à son service, mais étant un ami je trouvais ça normal de lui dire ça. J’avais beau être le chef je ne voulais pas imposer à Dean ma présence.

Je ne le suis pas en effet mais je n’ai pas envie de t’imposer ma présence si tu ne veux pas. Après tout j’ai beau être le chef tu es mon ami alors je te traite comme un ami et pas comme un de mes sbires.

C’est après cette réponse de ma part que j’avais attaqué Dean. Il avait esquivé mes attaques et attaqué à son tour. Il passa derrière moi et me mit un coup dans l’articulation du genou ce qui me fit tomber à genou par terre. Il dégaina un petit couteau qu’il plaqua sous ma gorge, j’entendis Dean me susurrait que je semblais rouillé ce qui me fit sourire. Je ne bougeai pas ma tête mais lui répondit.

Il me semble aussi que je le sois… as-tu d’autres remarques à faire ?

Tant qu’on était là autant tout dire de toute façon.

Ruuqo me fit sourire. Il ne voulait pas s’imposer. Comme si sa présence pouvait me gêner, moi où les autres. Il était le maître, il faisait ce qu’il voulait, ça ferait d’ailleurs du bien aux autres de le voir actif. Passer son temps derrière un bureau n’était sain pour personne. Surtout pour quelqu’un d’aussi actif que lui. Le fait qu’il me spécifie qu’il me traitait comme un ami, et non comme un des autres loups de la meute, me fit sourire de plus belle. Manquerait plus qu’il me traite comme n’importe lequel de ses sbires, comme il l’avait si bien dit.

-Manquerait plus que tu me traite comme un simple soldat. Tu verrais rapidement ma réaction.

Quand il avait une idée, si je la trouvais mauvaise, j’avais le courage de le lui dire, et l’inverse était vrai aussi, du moins, je le supposais. Nous étions à peut près égaux à mes yeux, même si c’était lui qui avait crée la meute et m’avait transformé. J’avais réussi à me hisser à son niveau, et pour redescendre, il me faudrait un grave accident.
J’avais toujours le plat de ma lame collé contre son sou, il ne bougeait pas d’un pouce en me répondant qu’il était en effet également de mon avis. Je m’attendais à ce qu’il attrape rapidement mon bras et ma fasse passer par-dessus lui pour inverser la donne. Mais il n’en fit rien. Je relâchais la pression, un peu déçus. Il me demandait si je n’avais pas autre chose à lui dire tant que j’y étais. J’étais effaré. Il avait perdu toute combativité ou quoi ?

-Que t’arrive-t-il ? Je ne m’attendais pas à ce que tu te rendes aussi facilement.

Je rangeais mon couteau à ma ceinture, et ramassais ma rapière pour poser l’épaisse lame au creux de mon épaule. Je tapotais le dos de Ruuqo puis décidais de le prendre à la rigolade. Après tout, j’étais peut être malheureux, mais je ne m’étais pas ramolli au moins. Le fait d’être papa avait du lui abimer le cerveau. Il fallait y remédier, sinon, ça allait me faire des soucis en plus.

-Alors, la préconisation du docteur Dean, est de… S’entrainer. Il y a un maître d’arme aguerri au château… Il s’occupe généralement des débutants, mais je suis sur qu’il est capable de s’occuper de ton cas. Tu ne devrais pas avoir perdu tout ce que tu savais du combat.

Il ne pouvait pas être devenu mou à ce point là. Sinon, ça serait grave, ça voudrait dire qu’il ne pourrait pas rester à la tête de la meute pendant très longtemps encore sans se faire défier par tous les loups en mal de pouvoir des environs. Ça serait dommage, mais face au nombre, je ne pourrais rien faire de magistral, je n’étais pas un sur loup non plus.

-Shalimar devrait reprendre les entrainements également.

Je marquais une pause. Puis, sourit à la manière des carnassier un peu vicieux. J'avais une idée pour le faire réagir.

-A vrai dire, je ne l'ai jamais vu combattre. Sait elle se défendre ailleurs qu'au plumard?

Je n’avais pas envie de jouer, si Ruuqo voulait jouer il n’avait qu’à ce trouver un autre adversaire. Il voulait ruser en me parlant pour m’attaquer quand je m’y attendrais le moins. Je n’avais pas que ça à faire, je devais aussi aller détruire mon appartement Versaillais. Je haussais les épaules, il n’avait pas besoin d’un maître d’arme ? Il était pourtant un peu rouillé et il ne s’entrainait pas beaucoup. Il n’y avait aucun mal à rencontrer un spécialiste de l’entrainement. Parfois, j’allais le voir pour ma part. Les entrainements avec cet homme qui passait son temps à insulter ses adversaires pour les rendre plus combatif m’amusaient beaucoup.
Pour ce qui était de capturer les chefs de la rébellion, je m’y employais déjà de mon côté. La femme de Jacob avait été capturée et l’annonce de son exécution avait été annoncée dans la ville par les Héraults d’armes. J’étais persuadé que ces rebelles n’allaient pas laisser une de leur complices mourir pour l’exemple, d’autant plus qu’elle était enceinte.

-Ça les déstabilisera, mais ils se trouveront de nouveaux chefs, il faut tous les éradiquer, sinon, leur pathétique petit groupe continuera de croitre.

Shalimar était peut être occupé à élever leur fils, mais il y avait des moments où Mathias avait des obligations lui aussi. Les siestes, les cours d’escrimes, d’équitation. Mathias avait un emploi du temps chargé. Shalimar passait-elle son temps à le regarder faire ? Elle ne vivait plus dans ces cas là. J’allais répondre, mais comme je m’y attendais, il réagit assez violement à la suite de ma phrase.
Mon ami attrapa par la gorge et passa le fil de son épée tout contre ma jugulaire. Allait-il me tuer ? Mon œil était narquois. Il y avait un temps où nous nous racontions nos ébats, comme des victoires personnelles. Nous commentions, notions, échangions. Tout était bien fini, voila qui remettaient les choses à leurs places. Je ne le lâchais pas des yeux, si il voulait me tuer c’était l’occasion, j’allais lui faciliter la tâche.
J’avançais le cou jusqu’à ce que sa lame vienne couper ma peau. Quelques gouttes de sang perlaient le long de ma nuque, je ne bougeais pas d’un pouce, attendant qu’il relâche lui même son épée. Moi, la vie ne m’intéressait plus, mourir maintenant où demain, quelle importance.

-C’est là que tu te trompe Ruuqo. Ce qui se passe entre Shalimar et toi, regarde tout le monde du moment que ça touche à ta façon de diriger le pays. Je n’ai jamais vu Shalimar se battre, et j’ai peur pour Mathias. La dernière fois, je l’ai retrouvé qui allait se faire enlever par la femme de Jacob Black. Shalimar aurait-elle était en mesure de l’en empêcher ? Honnêtement, j’en doute.

Si Ruuqo ne voulait pas ouvrir les yeux, c’était son problème. Nous devions tous nous entrainer et si il était devenu prude au point de ne plus autoriser son meilleur ami à perler comme il le voulait de sa femme, il y avait un gros problème entre nous. Je continuais à saigner doucement, le liquide rouge coulant le long de la lame bien polie de mon ami. Je continuais à le dévisager avant de murmurer.

-Voila longtemps qu’elle n’avait pas vu du sang. Dommage que ça soit celui d’un ami.

N’ayant jamais pris la peine de rencontrer le maître c’arme, il ne devait même pas savoir à quoi il ressemblait. Je me souvenais moi, du temps ou nous étions nous aussi considérés comme des rebelles. C’était le bon temps. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’Eila était toujours vivante, près de moi, me soutenant dans tout ce que j’entreprenais. Elle me manquait affreusement. Mon sang continuait à perler sur la lame de Ruuqo. Même si il avait perdu la main, ça ne l’émouvait pas un poil de voir le sang de son meilleur ami couler. Je souris, il n’avait jamais su ce qu’Eila avait vraiment en tête, ses ambitions. Peut être que si elle avait été à mes côtés aujourd’hui, j’aurais été à la tête des loups. J’avais refusé à l’époque, parce qu’à mes yeux, Ruuqo était plus un ami qu’un chef, mais à cette instant, je me demandais si il tiendrait encore longtemps au pouvoir. Le mieux, pour lui comme pour moi serait alors que je prenne le relais. Ainsi, il ne mourrait pas son fils serait à l’abri. Je n’avais jamais eu l’ambition de diriger toute la meute, mais si il fallait ça pour la préserver, je m’y emploierais. Avant d’en arriver là, je secourais Ruuqo pour qu’il se reprenne et reprenne les autres d’une main de maître.

-Non…

Nous n’arrivions pas à trouver les rebelles, sinon, nous les aurions déjà exterminés. Je soupirais, puis souris en voyant que ça l’intéressait. Au moins, il n’y avait pas que son gamin et sa femme qui réussissaient à l’atteindre. Ça voulait dire que tout n’était pas perdu pour lui. Encore une fois, mes pensés et mes craintes avaient été trop rapides. J’étais tout de même un peu consterné qu’il n’ait pas été averti du fait que son enfant avait en danger. Je devais donc tout faire dans cette baraque ? Les autres avaient du avoir peur d’essuyer une tempête. Je levais les yeux au ciel. Il y avait un problème de communication au sein de notre meute. Je levais un sourcil avec un sourire en coin.

-Arrête de t’inquiéter… laisse ça aux femmes. La vampire a été arrêté, et incarcéré à la Bastille. Elle sera soumise à ma question demain.

Il se décida enfin à enlever la lame de sous ma gorge. A peine lâché, je lui fichais un coup de pieds dans le tibia, ça lui apprendrait à ne pas être un poil ému alors que mon sang coulait. Moi, faire couler le sang de mes amis me faisait toujours un pincement au cœur, lui, même pas. Des sang, elle en verrait d’autres, encore heureux, mais le mien, elle ne le verrait plus. Je m’étais laissé faire, par défi, pour voir jusqu’où il irait. Mais je ne le referais plus, si quelqu’un venait à nous voir, il se dirait à coup sur que j’étais moins fort que j’en avais l’air.

-Tant que ce n’est pas le mien, ça m’ira.

Une question me turlupinait néanmoins à propos de Rosalie Black. Viendrait-il avec moi la visiter dans sa cellule de la Bastille ? Après tout, ça pouvait être intéressant, et à deux, nous serions plus efficaces. Il pouvait avoir des questions à poser au quelles je n’aurais pas pensé.

-Viendras-tu avec moi à la Bastille demain ?

Le maître d’arme n’était ni gros ni mince, il était de belle stature, il n’avait certes pas beaucoup de cheveux. Tout le monde le décrivait selon son idée, mais c’est surement qu’ils s’étaient fait battre et qu’ils avaient préféré dénigrer ce pauvre homme plutôt que d’en apprendre plus sur ses techniques. Les gens étaient bizarres.
Pour ce qui était de prévenir leur chef, les simples soldats avaient surement préférés de pas se mouiller. Il aurait fallu qu’ils expliquent leur incapacité à empêcher n’importe qui de rentrer dans le château. En même temps, ils n’étaient pas à blâmer, le parc était tellement vaste que surveiller tous les coins n’était vraiment pas une chose aisé. Heureusement, nous avions fini par lui mettre la main dessus et l’empêcher de nuire.
Si on m’avait dit un jour que Ruuqo n’aurait eu aucuns scrupules à me tuer si c’était pour rester à la tête de la meute, je ne l’aurais pas cru. Après tout, nous nous connaissions depuis tellement longtemps qu’il était impossible à mes yeux qu’il puisse me tuer sans aucuns scrupules, après tout, j’étais son frère, comme il était le mien, du moins, à mes yeux, c’était comme ça.
Depuis que Shalimar était arrivé, Ruuqo était moins actif, mais en plus il avait des idées bizarres. Je ne me serais jamais douté qu’il avait aussi peu de considération pour moi. Moi, j’avais tenu tête à ma femme pour lui, Ruuqo était visiblement du genre à se laisser envahir et à être totalement dépourvu de sentiments même pour des sois disant amis qu’il n’hésiterait pas à tuer en réalité.

-Ton fils ne semblait plutôt sur le point de lui taper la causette.

Si j’avais su qu’il n’avait aucun scrupules à me tuer de ses mains, je lui aurais mit plus qu’un coup dans le tibia. Il serrait les dents, je le regardais faire un instant.

- Rassure-toi, je ne comptais pas le récupérer.

Une fois qu’il m’eut dit qu’il m’accompagnerait à la bastille, je commençais à marcher dans les jardins, la lame de ma rapière posé sur l’épaule. J’allais faire un tour pour vérifier qu’aucun rebelle n’avait essayé de pénétrer dans le parc.

-Je suis sur que ta patronne t’attends pour la sieste, si tu ne veux pas te faire tirer les oreilles, tu ferais mieux de la rejoindre.

C’était une pique ironique bien entendue, j’aimais bien lui envoyer des petites phrases assassine pour remettre sa suprématie et doute.