Je ne devrait pas me trouver ici...[LIBRE]

Ruuqo et Shalimar s’étaient absentés pour la journée. Surement voulaient-ils cueillir des fleurs en amoureux. En tout cas, ils allaient faire des trucs de couples qui me répugnaient d’avance. Ils respiraient un bonheur et une joie de vivre écœurante. Les croiser chacun de leur côté ne me dérangeait pas, mais alors les deux ensemble, on aurait dit que l’atmosphère se chargeait de rose et de paillettes. Horrible et inconcevable, c’était odieux d’infliger ce spectacle à des gens civilisés.
Je marchais dans ce labyrinthe de couloir à la recherche de mon neveu. Je considérais Mathieu comme mon neveu. Un adorable gamin au caractère de chien qui faisait tourner en bourrique la louve chargé de s’occuper de lui en l’absence de sa mère. Cet horrible garnement l’avait semé en empruntant un passage dérobé dans le mur. Ce château était un véritable gruyère. Je ne comprenais pas comment les murs tenaient encore debout avec tous les passages qu’il y avait partout. Un beau jour, le toit allait nous tomber dessus.
Je marchais donc à la recherche de ce morveux de Mathias qui allait surement recevoir un soufflons quand je le retrouverais. En plus, ce château était très mal fréquenté, il y avait des sangsues partout. Certes ils étaient de notre côté, mais tout de même, je n’aimais pas les savoir si près de nous. C’était l’un des leurs qui avait brisé ma vie, un vampire. Je ne l’oublierais jamais.

Je marmonnais des mots incompréhensibles, râlant contre mon incapacité à garder un sale gosse. C’est sur que le gamin allait m’entendre pester, mais pas autant que son père. De mon point de vue, on ne faisait pas d’enfant si on n’était pas sur de transmettre les bons gènes. Apparemment, Ruuqo et Shalimar ne faisaient pas un bon mélange, il n’y avait qu’à voir le résultat. Un gamin plus glissant qu’une savonnette qu’on passait des heures à chercher.
Je savais bien que le gosse serait tout piteux de m’avoir causé des soucis, je l’aimais bien au fond, même si je prenais une grosse vois et que je le menaçais de lui tailler les oreilles en pointe, ce n’était que des mots. Il le savait bien et en profitait. Je humais donc tous les couloirs à sa recherche, quand je retrouvais enfin sa trace. J’accélérais le pas, puis au détour d’un couloir, je tombais sur le nain en compagnie d’une vermine de sangsue. Je fronçais les sourcils. Je n’aimais déjà pas les croiser dans un couloir, mais encore moins quand ils s’approchaient de trop près de nos enfants, et plus encore celui là.

-Et toi sale gosse ! Viens ici, ta nany te cherche partout et se fait un sang d’ancre.

Je parlais à Mathias bien sur, celui-ci ne semblait pas inquiet du tout face à la vampire. Je la voyais encore de dos, mais quand elle me fit face, je ne pu que me souvenir. Mais si, c’était elle, la vampire blonde idiote qui m’avait permis de m’échapper de la Bastille. A son odeur, elle trainait toujours avec ce Black… son fumet me faisait froncer les narines… Pouah !

-Tu vois Mathias, cette gargouille n’est pas de notre côté. Sent bien son odeur, elle porte celle de… Jacob Black…

Le petit me regardait avec de grands yeux. Je lui avais parlé de nombreuses fois de Jakob Black. Il savait bien que je lui trouerais la peau à cet animal. Je le poussais vite fait derrière la tête, et il partit en courant rejoindre sa nounou, nous laissant en tête à tête avec la blonde à mauvaise odeur.

Mathias n’avait pas peur des vampires, il en avait connu depuis sa naissance. Ce n’est pas pour autant qu’il l’aurait suivi. Ce gamin était tout de même le fils de Ruuqo. Il ne suivait pas n’importe quel loup et encore moins les vampires. Je regardais Mathias galoper dans le couloir jusqu’à disparaitre. Il ne tarderait surement pas à avertir quelqu’un qu’il y avait une ennemie dans nos murs. C’était un brave petit gars.
Pour ce qui était de Jacob, il fallait bien avouer qu’il était tout de même un traitre à sa race, comme les autres qui le suivaient. Une déception par ce que j’avais prévu des trucs pour lui quand notre gentils Louis XIV était encore de ce monde. Jacob était alors son meilleur ami, un superbe moyen d’avoir un espion au château. Mais celui-ci n’en faisait qu’à sa tête, courtisant ma bien aimée, et poussant même le vice à continuer sa cour une fois notre union officialisé. Il nous avait trahis sans vergogne. Il était une gosse déception à lui tout seul, mais il ne tarderait pas à rejoindre son meilleur ami en enfer. Je m’en étais fait un objectif personnel, et je le remplirais sous peu.
Contrairement à ce qu’elle pensait, nous n’avions jamais prétendus être des gentils… c’était bien trop simpliste comme vision des choses. Il savait juste que Jacob black était l’homme que je détestais le plus au monde et que son père ne le portait pas non plus dans son cœur. Ça lui sufisait pour se faire une opinion par lui-même.
Une chose était certaine, je ne savais pas comment elle était entré dans ce château aussi facilement, mais elle n’en ressortirait pas vivante. A moins que je ne la garde prisonnière pour la démembrer petit à petit, en envoyant les morceaux aux rebelles. Où mieux encore, l’utiliser comme moyen de pression sur le petit chien roux pour qu’il sorte de son trou… cette idée me plaisait. Je souriais malicieusement, ce qui ressemblait plus chez moi à du sadisme.

-A croire que nous sommes plus réalistes que toi et ta pathétique bande de vermine à dents longues.

Oui, j’avais en effet perdu ma famille, et ce n’était pas faute de l’avoir mal protégé. Nous n’étions certes pas ensemble au cœur de la bataille, mais elle était censée être en sécurité à l’arrière. Eila était enceinte, il n’y avait donc aucune raison pour qu’elle se soit fait tuer. Pour ce qui était de ma fille. J’étais persuadé qu’elle avait voulu sauver son petit ami qui se trouvait être dans l’autre camp et que c’est à cause de cette vermine qu’elle s’était faite tuer. J’étais peut être un monstre, mais je ne souhaitais à personne de perdre sa famille moi au moins. Son petit sourire provocateur ne passa pas inaperçu. En un pas, j’étais sur elle. Je lui assenais une claque du tonnerre. Je ne la laisserais pas partir, et dès ce soir, elle serait embastillée.

-Ravale ton sourire, Il y a une cellule qui porte ton nom dans notre belle bastille.

Chacun son tour. De toute manière, elle n’avait pas besoin d’opposer de résistance, pour elle, les carottes étaient cuites, la garde ne tarderait surement pas à arriver. Non pas que j’ai besoin d’elle pour mater cette sangsue, mais ça éviterait un tapage qui occasionnerait surement des dégâts matériels. Nous étions assez grands pour savoir quand une cause était perdue, et la sienne était morte d’avance. Son sort serait pire si elle se débattait.

Je ne vois vraiment pas en quoi nous étions cruels… Ce n’est pas nous qui mettions les vampires à l’écart. Tous ceux qui le souhaitaient étaient les biens venus au château. Il y en avait de nombreux spécimens. Nous nous n’obligions personne à vivre en reclus sur des terres peu fertiles. Les loups avaient été mis au banc de la société, il ne fallait pas s’étonner que nous nous vengions ensuite. J’étais sur que cette garce avait toujours bien vécue, avait été choyée et tout. Si elle pensait que je n’avais pas retenu ma force, elle se trompait. Si je l’avais voulu, j’aurais pu lui arracher la tête avec un coup de poing. J’avais d’autres projets pour elle. Elle me serait surement très utile. Elle jouait les insaisissables, mais je n’étais pas très inquiet.

-Ce sera aisé.

Je ne m’attendais pas trop à ça. Elle m’explosa un vase sur le sommet du crane. Je fermais les yeux, pour éviter les fragments de vers dans la rétine, mais ne bougeais pas d’un pouce. Alors qu’elle courait, je regardais les débris de verres. Moi qui ne voulais pas faire de saloperies partout… C’était loupé. Je haussais les épaules en me murmurant à moi-même.

-Super… va pour la manière forte.

Après un pas j’explosais, envoyant mes lambeaux de vêtements un peu partout dans la galerie. Je laissais donc un énorme loup noir aux yeux verts à la place. Je ne perdais pas de temps à méditer sur la stupidité de cette sangsue. Elle était bête, c’était son problème. Je trottinais au début. En deux ans, j’avais eu le loisir de connaitre à peu près l’étendu de ce gruyère. Finalement, je devais admettre qu’elle était rapide, j’accélérais donc passant par les mêmes endroits qu’elle. Elle avait été adorable en me laissant les portes ouvertes. Je n’avais qu’à pister son odeur et prendre les portes ouvertes. Trop facile. Au bout de quelques enchevêtrement de salles, de couloirs et d’escalier, elle se retrouvait piéger. Ce château était un vrai labyrinthe pour qui ne le connaissait pas. Je souriais intérieurement, nous allions finir sur les toits à force de monter.

J’avançais désormais tout doucement, je sentais sa panique. Les gens angoissés avaient une odeur particulière. Au bout de quelques secondes à peine j’entrais dans la pièce où se trouvait ma vermine. Elle était piégée à son propre jeu. J’avais donc les oreilles plaqués sur le crane, les babines retroussés dévoilant de magnifiques dents blanches. J’allais la bouffer. En un éclair, j’étais sur elle, la mordant au mollet droit. Elle ne galoperait plus à travers le château ainsi récompensé. Au moins, elle m’avait fait courir un peu plus rapidement que ce garnement de Mathias. Elle était un peu plus divertissante et stimulante. Ma créativité était à son paroxysme. Ruuqo serait surement ravi de constater que je m’étais trouvé un hobby. Je reculais, grognant sur elle de façon à l’effrayer assez pour qu’elle ne tente pas le diable.

Quelques gouttes de son sang immonde vinrent glisser entre mes dents. Je continuais à grogner histoire de l’intimider, mais cette vampire devait être complètement inconsciente. Il aurait mieux valu pour elle qu’elle ne bouge pas, mais la peur devait avoir libéré de l’adrénaline qui ne la rendait plus maîtresse de ses actes. Ses actions devaient être embrouillées, parce que je me redressais un peu en la voyant se relever. C’était un acte insensé. Elle était là, dans notre château, et elle espérait en sortir comme si de rien était ? N’avait-elle pas compris que nous ne la laisserions pas en vie et qu’elle nous serait plus utile vivante que morte ? Finalement, son corps se conserverait bien au frais, il ne fallait pas oublier que c’était un sang froid… Dommage, ça ne marchait pas comme ça, si nous la démembrions tout de suite, nous jetterions ses restes au bûché. Il n’en irait pas autrement.

Alors qu’elle s’approchait de la fenêtre, elle m’envoya un coup de pieds qui me fit couiner. C’est qu’ils avaient de la force ces sangs froids. Elle ne me laissa pas le temps de la rattraper, et bondit par la fenêtre. Je grognais un peu, mais ne réfléchis pas comme elle. Même si c’était haut, je savais que nous ne nus ferions pas grand mal. Nous étions des machines de guerre. Un humain aurait pu s’y suicider… nous, nous n’avions même pas d’émotions fortes. J’atterris donc dans l’herbe, mes pattes fléchies sous moi. Avec une détente qui aurait fait rêver plusieurs de mes gardes, je me remis à courir à peine mes coussinets ayant effleuré le sol. La blonde était droit devant moi, je galopais avec l’intention de la ramener par la peau de cou si il le fallait.

Après quelques secondes de galopade extrêmement rapide, elle se trouvait à quelques foulés seulement que moi. C’était réconfortant de savoir que nous les loups, étions plus rapide que cette vermine. L’ordre des choses avait été bien fait. Nous étions leurs prédateurs naturels, il était donc normal que nous soyons au pouvoir. Les vampires étaient les prédateurs des humains, et nous les leurs. La chaîne était bouclé, nous étions les maîtres, ils allaient disparaitre, au moins en France. Tandis que je continuais à courir, je pliais mes postérieurs pour bondir sur le dos de la fugitive, la plaquant au sol de tout mon poids. Sans attendre de réaction de sa part, je lui mordais la nuque jusqu’à ce que son coup se désarticule dans un craquement qui aurait fait s’évanouir les humains. Etant vampire, elle n’était pas morte de ce simple broyage des vertèbres cervicales. Elle serait juste inconsciente le temps que celle-ci ce ressoudent correctement. Ça serait surement le temps que quelques vingtaine de secondes.

Toujours posé sur elle, je me mis à hurler, pour qui ne comprenait pas, ça ressemblait surement à un hurlement à la mort, mais non, je donnais mon signalement aux gardes, pour qu’ils me rejoignent avec un pantalon. Rester nu ne me dérangeait pas quand nous vivions en quasi autarcie dans la forêt, mais maintenant, il y avait toujours des humains qui se promenaient, des vampires étant soit disant de notre côté… Il ne fallait pas choquer toute cette population en leur exposant de quoi les rendre aveugles. Cette petite chasse improvisé m’avait redonné momentanément le moral, j’avis même retrouvé cet humour acéré qui m’allait si bien du temps où ma femme était encore parmi nous. Les gardes ne tardèrent pas à arriver, certains sous formes humaines, d’autres sous forme lupine. Un d’entre eux me tendit un pantalon en toile brune. Je me changeais devant eux, abandonnant la posture à quatre pattes pour me retrouver debout face à eux.

Le coup de pieds qu’elle m’avait mit quand nous étions encore dans les bâtiments, m’avait un peu ouvert le coin de la lèvre, et un mince filait de sang coulait. Celui-ci cicatriserait sans que je n’aie rien à faire, personne ne s’en ému, nous avions l’habitude du sang. Ils relevèrent la demoiselle vampirique attendant que je leur indique quoi en faire.

-Emmenez la dans mes appartements, postez vous à chaque issue, portes, fenêtres… doublez la garde, si elle s’échappe, vous en répondrez de votre sang. Ah, et essayez de savoir qui était en faction à l’entrée. Celui qui l’a laissé entré, compromettant la sécurité de Mathias sera châtié.

Les gardes hochèrent la tête puis embarquèrent la vermine jusqu’au château. Je me promenais un peu dans les jardins avant de regagner mes appartements. Je fus assez surpris de découvrir la demoiselle nue sur mon lit. Ces abrutis n’avaient pas comprit ce que je lui réservais. Je ne voulais pas jouer, mais la questionner. Je levais les yeux au ciel, mais ne sortait pas pour autant récupérer sa robe qui devait d’ailleurs, déjà être au feu. Je m’installais sur un des fauteuils en attendant qu’elle reprenne conscience. Sa nudité ne me gênais pas, qu’elle soit habillé où pas, elle était totalement inintéressante pour moi. Un ours dans mon lit aurait été aussi excitant qu’elle, non pas qu’elle ne soit pas attirante… c’est juste que je ne voyais plus les autres femmes depuis que j’avais perdu la mienne.
Je commençais tout de même à m’impatienter, cette vampire était longue au réveil.

Je la regardais sans vraiment la voir. Le temps qu’elle se réveille de sa perte de conscience, je pouvais méditer à loisir. Elle commença à bouger. On aurait dit une espèce de vermisseau allongé sur mon grand lit. Je devrais faire brûler les draps et peut être même la chambre quand elle gagnerait sa cellule. L’odeur allait persister, s’incruster dans les tentures. Les vampires étaient vraiment de la vermine. Je ne me levais pas, la regardant se recroqueviller sur elle-même. Elle me dévisageait. Si ses yeux avaient pu tuer, je pense qu’elle aurait tenté le coup. Cette idée me fit sourire. Enfin, une ébauche de sourire car je gardais mes sourires véritables pour mes souvenirs. Car après tout, c’est tout ce qu’il me restait de ma famille.

Au moins ma captive ne tentait pas à nouveau une escapade désespéré, mais surtout navrante. Elle se contentait de se recroqueviller sur elle-même comme si j’allais l’agresser. Même si son odeur à elle seule réussissait à me mettre hors de mes gongs, je me souvenais tout de même que si c’était sa bêtise plus qu’elle-même qui m’avait fait sortir de la Bastille, elle en était tout de même l’instigatrice malgré elle. Je lui en serais toujours reconnaissant. Elle m’avait permis de rentrer avant l’accouchement de ma femme. Je me levais enfin, attrapant une chemise dans une de mes armoires. Je lui lançais. Elle n’aurait que ça pour se couvrir. Non pas qu’elle ressente le froid, mais cette nudité semblait la perturber.

- Couvre-toi, ton corps blanc et flasque me répugne.

C’était vrai, le seul corps que je voulais revoir un jour dans mon lit était celui de ma femme Eila, morte il y a près de deux ans. J’avançais vers elle, ou plutôt vers le lit, empoignant le matelas pour le faire basculer à la verticale. La demoiselle n’avait pas à se trouver sur mon lit. Les soldats étaient parfois stupides. Si la blonde ne voulait pas parler, je la livrerais surement aux gardes qui visiblement, étaient plus ouverts d’esprit sur la personne qu’ils mettaient dans leur lit.

-Mes gardes ont des idées étranges sur les relations entre espèces.

Je haussais les épaules, je disais ça plus pour moi que pour elle. Cette femme portait l’odeur de Jacob, et je voulais simplement savoir pourquoi. Pour le reste, nous verrions cela à la salle de torture de la bastille. Je me servais un verre d’eau, le vidais d’un trait avant de me tourner vers elle.

-Alors, il me semble que tu porte la répugnante odeur de ce Black. L’aurais-tu rencontré récemment ? J’étais sur que ce cafard était encore vivant. La vermine trouve toujours une bouse où se réfugier.

Je ne cherchais pas à la titiller où la provoquer. Je pensais réellement ce que je disais.

J’allais l’agresser certes, mais pas sexuellement, je n’étais pas en manque de sexe à ce point là. Coucher avec une sangsue. Ça me répugnait rien que d’y penser. Comment pouvait-on ne serais-ce qu’y penser ? Je n’avais pas remarqué qu’elle portait un enfant, je l’aurais su que ça n’aurait rien changé. Le lapse de temps où elle était restée nue devant moi, je ne l’avais pas regardé. Mes yeux étaient posé sur elle, mais je ne la voyais pas, étant perdu dans mes pensés. Elle était maintenant debout bloqué contre un mur. Je n’allais tout de même pas la manger, les repas froid, ce n’était pas mon truc. Au moins, ma chemise était assez grande pour la couvrir assez.

Ça m’avait étonné qu’elle l’enfile aussi facilement, si je me retrouvais nu encerclé de vampires, je préfèrerais rester en tenue d’Adam que d’enfiler une chemise à un être aussi immonde créature. Je m’esclaffais carrément fasse à son insulte, venant d’elle, c’était presque un compliment. Je ne relevais pas, attendant la réponse au sujet de Jacob Black. C’était la seule chose qui m’intéressait.

Je m’approchais d’elle en quelques enjambés. Elle mentait, je le sentais. En plus de son regard fuyant et de son ton mal assuré, je trouvais que l’odeur du traitre était trop ancrée en elle pour n’être une rencontre fortuite. Je lui mis une claque qui la fit chuter au sol. Je l’attrapais par les cheveux pour lui lever la tête et lui murmurer à l’oreille, je n’allais tout de même pas me mettre à genoux non plus.

-Je veux bien être gentil, mais ma patience a des limites.

Je la lâchais, lui mettant un coup de pieds dans le dos pour qu’elle reste allongée au sol. Je n’aimais pas qu’on me mente, je le sentais presque tout de suite. Tout à coup, quelque chose attira mon attention, elle portait une alliance. Oh ! Mais mademoiselle était mariée ? Son petit mari allait se faire du souci si elle ne rentrait pas entière à la maison. Mon sourire se fit sournois.

-Ce serait dommage de ne pas répondre à des questions simples. Ton mari serait surement inquiet de recevoir sa femme morceaux par morceaux.

Je retournais derrière le fauteuil, posant mes mains sur le dossier. Ce n’était pourtant pas compliqué de répondre à de simples questions.

-D’où connais-tu Jacob Black. Je sents son odeur sur toi… Malgré ma chemise, elle persiste ! comme… Je marquais une pause. Comme si elle était en toi !

Ce que je disais était absurde… Après réflexion, je la dévisageais. Serais-ce possible que ? Si c’était ça, se serait un hasard magnifiquement jouissif.

Sa respiration était saccadée. Pour un vampire, elle ne tenait vraiment pas la distance. J’étais un peu déçu quand même. Surtout que son manque de souffle ne lui donnait pas le loisir de répondre à mes questions. Si j’avais pu lire dans ses pensés, je me serais surement esclaffé. Au moins, elle connaissait bien son compagnon, il ne ferait même pas le poids face à Mathias. Si je n’avais pas une ouïe extraordinairement plus développé que celle d’un humain, je n’aurais pas eu d’autres choix que de me penser tellement elle avait une petite voix. Mon sourire se fit carnassier au possible. VICTOIRE !!! C’était sa femme. Je n’aurais pas pu rêver meilleur prise. Avec ça, il allait rappliquer à coups sur, je n’aurais qu’à fermer mes doigts pour l’attraper. C’était vraiment trop facile.

Une question restait cependant en suspend. Que ferions-nous d’elle ? La libérer, où la laisser partir ? Je ne savais pas vraiment. Je ne savais pas que Jacob et elle avaient une fille. Si je l’avais su, j’aurais eu plus de scrupules à rendre cette enfant orpheline. Après tout, perdre ma famille m’avait en quelque sorte rendu orphelin moi aussi, même si ce n’était pas mes parents que j’avais perdu. Mon regard pétillait de sadisme. C’était vraiment trop beau. Il me manquait seulement une information. Son prénom. Après tout, si je devais faire publier des avis d’exécutions publiques, je devais bien savoir quel nom mettre dessus.

-Et Madame Black a-t-elle un nom ?

Je n’avais pas grand-chose à lui dire d’autre. Une fois répondu, elle gagnerait une sublime place à la bastille en attendant l’exécution, enfin, c’est ce que nous lui ferions croire. Car il était évident que nous ferions courir le bruit de sa capture histoire d’avoir un coup de filet encore plus intéressant. Ce cher Jacob Black ne laisserait surement pas sa petite femme si maladroite se faire exécuter seule. Il se joindrait à la fête, mais avec un peu de chance, nous en aurions deux où trois de plus. Une exécution massive marquerait les esprits et servirait d’exemple.

Contrairement à ce que pensait la vampire, si j’avais su qu’elle avait un enfant et qu’elle était enceinte, j’aurais surement eu un peu plus d’égards pour elle. Je respectais les enfants, et les femmes enceintes. C’était peut être bête à dire, mais pour moi, une femme mère où enceinte avait quelque chose de fragile et de beau. Peut être une réminiscence du fait de voir ma Eila enceinte, puis maman. Avoir perdu mes enfants me rendait un peu plus tendre envers les parents. Si c’était vrai pour les femmes, je n’étais pas plus tendre avec les pères. Après tout, si je tenais Jacob Black, je ne lui ferais pas de cadeaux sous prétexte qu’il était papa.

Elle ne s’arrêtait donc jamais ? Alors que je lui demandais simplement son prénom, elle m’envoyait sur les roses, me crachant les souvenirs de ma famille au visage. Comment osait-elle ? Un voile de tristesse passa dans mon regard. Je ravalais une larme en silence et levais le bras pour lui envoyer une paire de claques quand elle protégea son ventre. Le réflexe classique aurait été de lever les bras au dessus de sa tête, mais non, elle protégeait son ventre. Me cacherait-elle autre chose que son prénom ? ça ne m’empêchait pas de lui mettre une claque qui l’envoyait tout droit s’écraser sur mon matelas. Tout de suite je lui grognais dessus.

- Bouge-toi de là !

Je ne voulais pas qu’elle aille sur mon lit. Une fois debout, elle se mit à loucher sur le tisonnier. Que voulait-elle faire ? Tenter d’attraper cette barre de fer et m’assommer avec ? elle me ferait surement mal, mais toutes les issues étaient gardés. Elle ne pourrait pas s’échapper malgré toutes ses tentatives. Je lui tournais finalement le dos pour aller chercher un pichet de vin qui était posé sur un guéridon un peu plus loin dans la chambre. Je m’en servais un verre que je buvais coup sec. J’avais abandonné l’eau à l’évocation de ma femme de la part de cette vermine. Je n’aimais pas qu’on me parle d’Eila, mais venant d’une chose blanchâtre pareil, c’était encore plus blessant. Comment pouvait-elle se permettre de parler ainsi de ma famille ? C’était quelque chose que je ne comprenais pas. Jamais je ne me réjouirais de la mort d’un proche de quelqu’un dans le but de le faire souffrir. Je trouvais ça indécent. Et après, ils nous traitaient de monstres… on respectait les morts nous au moins.

-Si j’étais toi, je ne toucherais pas à ce tisonnier. Ça serait dommage qu’il finisse par te perforer le ventre et tu ton enfant.

J’avais dit ça avec un calme étonnant. Ce petit verre de vin m’avait un peu calmé. Ce délicieux goût fruité était un régal pour les sens. Je me tournais enfin vers elle, lui tendant un verre de vin pour lui montrer qu’il n’y avait rien dedans qui pouvait lui être nocif et le posais sur la table la plus proche d’elle avant de m’assoir dans un des fauteuils.

-Ma femme s’appelait Eila. C’était un vrai amour. Quand elle nous a quittés, elle était enceinte. Ça m’a beaucoup affecté de la perdre, je ne le souhaite à personne. Mais j’avais aussi une fille. Une adorable adolescente de 16 ans qui a été lâchement assassinée. Je me demande tous les jours qui a été assez lâche pour s’en prendre à une enfant et une femme enceinte.

Pourquoi je lui parlais de ça ? je n’en avais aucune idée. Peut être parce que je m’attendais à ce qu’elle se vante d’être l’auteur de ce carnage qui avait ruiné ma vie. C’était en tous les cas une sangsue, car jamais un loup, même ennemi n’aurait tué un enfant où une femme enceinte. Nous avions une certaine morale, que les vampires ne pouvaient pas comprendre, préférant nous traiter de monstres. J’abandonnais mon air morose qui me venait à chaque fois que j’évoquais mes souvenirs pour reprendre mon masque neutre et inquisiteur.

-Quel est ton prénom !

Elle avait bien évidement tapé là où ça faisait mal. Je dénigrais peut être son époux, mais ça n’engageait que moi. Elle le connaissait assez pour faire la part de choses. Il devait pareillement de moi de son côté, et je ne m’en offusquais pas. Mais parler de ma défunte femme, elle devait bien penser que ça me toucherais. Il ne fallait pas être devins pour prévoir ma réaction. Premièrement la colère, puis la peine. Elle n’avait pas tardé à apparaitre, elle n’était jamais enfouie très profondément.
Je n’étais pas alcoolique, un petit verre ne faisait pas de mal de temps en temps. Me laisser aller à la boisson n’était vraiment pas mon genre. Il fallait vraiment n’avoir aucun amour propre pour s’adonner à une telle activité. J’avais nettement mieux à faire. Capturer des vampires rebelles par exemple était une occupation qui me prenait beaucoup de temps. Elle s’excusa pour les paroles proférées sur Eila, où du fait qu’elle m’y fasse repenser, je ne savais pas très bien. En tout cas, s’excuser était un signe de faiblesse à mes yeux.

-En effet, tu n’aurais pas du.

Elle jouait avec un bracelet auquel je ne portais aucune importance. Les gourmettes n’étaient pas à la mode en ce temps ci, c’était même inexistant. Elle avait du la faire faire par un joaillier. Ecrire son nom sur un bracelet, c’était vraiment une idée saugrenue. En plus de ça, l’argent servait à autre chose que pour des babioles. Je ne touchais aux humains que quand ils nous trahissaient, il fallait bien leur donner des leçons pour qu’ils sachent quel côté était le meilleur pour eux. Nous leurs offrions une chance de savoir où était leur intérêt. Je levais un sourcil. Elle s’appelait donc Rosalie. Très bien, je savais maintenant tout ce que je voulais momentanément savoir. Le reste, d’autres se chargeraient de le lui faire dire. Mon travail était terminé, je n’aurais plus qu’à cueillir son époux et en faire un exemple.

Je me fichais royalement de sa faim. J’avançais jusqu’à la porte, l’entrouvrant pour appeler deux gardes capables de conduire cette jeune femme à une cellule. Je ferais en sorte que cette cellule ne soit pas trop austère. Après tout, elle était enceinte. Même si elle devait mourir autant le faire dans des conditions agréables jusqu’à la potence du bourreau. Les deux gardes entrèrent et encadrèrent la vampire.

-Rosalie, il faut me laisser maintenant, ces deux hommes te conduiront à tes nouveaux quartiers.

Je marquais une pause. Observant son ventre à travers la chemise. Un regard qui en disait long. Je me tournais à nouveaux vers les gardes.

-Cette demoiselle est enceinte. Il serait vraiment dommage que ses actes se répercutent sur l’enfant.

Je mettais ainsi au courant les deux loups derrières moi de l’état de la vampire, mais je la menaçais également à mots couverts. Tout était bien clair pour tout le monde ainsi.

-Ah, et trouvez lui un pantalon !

Je les regardais sortir, c’était une bonne chose de faite.