qui a peur du grand mèchant loup ? [PV : Ruuqo]

Romuald continuait à m’en faire voire de toutes les couleurs, refusant de me donner mes doses d’opium sous prétexte que j’avais pris du temps pour discuter avec un homme, alors que mon temps, comme tout le reste de ma personne lui appartenait et si il ne me donnait pas l’autorisation, je n’avais le droit de rien faire. J’étais donc dans ma chambre en attendant que l’heur de travailler arrive. Alors que j’étais allongé de tout mon long, la porte s’ouvrit en grand sur mon patron vampirique. Il me dit de m’habiller, me tendit une robe différente de celles que je portais d’habitude. C’était une robe sage, une robe de cour, pas une robe pour danser et aguicher les hommes.
J’enfilais donc cette belle robe qui ressemblait à peu de chose près à celles que je portais quand je vivais avec mon père. Je tremblais en me demandant ce que cette mascarade pouvait bien cacher. Il ne tarda pas à m’expliquer qu’un homme haut placé avait payé pour offrir une femme d’un soir à un de ses amis. Je n’avais pas besoin d’en savoir plus, mais un carrosse m’attendrait dans une heure dans la ruelle. Il posa une boule noire sur ma table de nuit. Je tremblotais en la prenant, il avait précisé qu’il me voulait fraiche et pas complètement flapie comme je pouvais l’être de temps en temps à cause de la drogue.

Je montais finalement en carrosse emmitouflé dans un manteau qui me protégeait des regards trop indiscrets des hommes. Le carrosse s’engouffra dans la cour de Versailles alors que je le regardais avec de grands yeux étonné. Je n’y avais pas remit les pieds depuis deux ans. Je descendais alors qu’un valet me guidait au travers les couloirs qui n’avaient pas tant changé que ça, je me mi à reconnaitre les environs. Nous avancions vers les anciens appartements de Thomas Ier. Le valet finit par s’arrêter devant une porte dérobé et me fit entrer. Les choses avaient changé là dedans. Je confiais mon capuchon au valet qui attendrait surement ma sortie non loin de là pour me reconduire au carrosse. La chambre semblait vide, je n’osais pas trop bouger, ce pouvait-il que je sois dans les appartements du premier ministre où même du roi lui-même ? On m’avait emmené là sans vraiment me dire ce qu’on attendait de moi, enfin, c’était évident, mais tout de même. Pourquoi moi ? Surement encore une punition de Romuald. J’avais un peu peur de ce que j’allais trouver. Alors que j’étais seule, un homme entra, il était grand, les yeux verts… je ne le connaissais pas, mais il ne semblait pas être un valet. Etait-ce mon client ? il me demanda d’enlever ma robe et d’attendre. J’enlevais donc ma robe, restant en sous vêtements et collants. D’habitude, je ne portais aucun sous-vêtements, mais là, Romuald y avait tenue, il devait être au courant depuis le début. L’homme aux yeux verts partit avec ma robe, sans me dire où je pourrais la récupérer et me laissa seule. Je commençais à me demander ce qu’on me réservait. Je me regardais un instant dans le miroir, j’étais bien maquillé, bien coiffé, ça me changeais un peu.

Spoiler:

Quand la poigné de la porte bougea, je sursautais, ça faisait bien dix minutes que j’attendais debout à moitié nue au milieu de la pièce. Je me retournais d’un coup pour voir un homme, que dis-je, un géant, bloqué sur le pas de la porte. Il finit par entrer et poser son épée sur un fauteuil. Il me regardait sans vraiment comprendre… Comptait-il sur moi pour lui raconter ce que je faisais là ? Je n’étais pas ici à moitié nue de mon plein gré. Je reculais d’un pas en avalant ma salive. C’était lui, j’en étais certaine. Un grand homme qui occupait les appartements de l’ancien roi, ça ne pouvait être que notre nouveau souverain. Si cet homme n’avait pas existé, ma vie n’aurait pas été chamboulée ainsi. J’arrêtais finalement de reculer pour m’immobiliser un instant.

Si Romuald était là, il me pousserait dans les bras de cet homme. Il savait pourtant que je haïssais Ruuqo plus que tout, qu’il était la cause de mon malheur. Me trouver face à lui aujourd’hui c’était me rappeler le passé. Je ne savais pas vraiment quoi faire, lui cracher dessus et l’insulter, où alors faire mon travail pour éviter que mon employeur me casse la tête quand je retournerais au cabaret. Je ne savais pas quoi décider mais il fallait que j’aile vite dans mon choix. Ce n’était pas souvent qu’on me posait une question pareille, en général, c’est moi qui demandais ce que les hommes voulaient.

-Et bien… Je pense que c’est moi qui peux quelque chose pour vous.

J’avançais vers lui doucement, délaçant un peu plus mon corset à chaque pas. Une fois arrivé devant lui, j’étais les seins nus. Une grossesse que je n’avais pas menée à terme avait rendu mes seins un peu plus pleins. En général ça plaisait à la clientèle. J’étais tellement fine que je n’aurais pas du avoir de formes, mais c’était à croire que Romuald avait tout prévu. Je me collais à lui comme une chatte l’aurait fait contre la jambe de son maître. Je lui envoyais un regard aguicheur plein de promesses. Pourtant, alors que d’une main je caressais son torse à travers sa chemise, de l’autre, j’attrapais la garde de l’épée qu’il avait posé sur le fauteuil. Je reculais d’un coup, comme une chatte, le menaçant avec sa propre épée. J’allais surement mourir, tué par lui ou par Romuald, mais au moins, je le ferais en vengeant mon père.

-Ordure !!!

Je me mis à courir vers lui, l’épée tendu devant moi comme si je tenais une flute. Elle était lourde, et je n’étais qu’une femme mal nourrie, mais j’avais la hargne en moi.

Il parlait pour lui-même mais je ne l’entendais pas, trop obnubilé par ce que je pouvais faire, ce que je risquais. Je savais que je n’avais que très peu de chances de pouvoir faire quoi que ce soit contre lui, mais si je mourrais en l’emmenant dans la tombe avec moi, ça suffirait à étouffer ma peine. Après tout, mourir pour une cause noble comme celle là, j’étais sure que je ne serais pas la seule à le faire. En plus, je redorerais surement le nom des Bontemps que j’avais bafoué en m’avilissant ainsi. Je fonçais donc comme une perdue vers lui dans l’espoir de l’embrocher avec sa propre lame, mais il se contenta d’esquiver avec un simple pas sur le côté. Je n’avais pas prit en compte qu’il était un loup, à vrai dire je n’en avais pas croisé beaucoup dans ma vie des loups, je savais que les vampires étaient rapides, mais les loups l’étaient aussi. Je continuais à courir alors qu’il n’était même plus devant moi. Il était bien trop rapide. J’allais basculer en avant, mais il m’attrapa d’une main tandis que de l’autre il me désarmait. Ce n’était pas vraiment difficile, il avait de grandes mains, et une poigne d’acier qui me faisait penser à celle de Romuald. Il me plaqua les mains dans les dos alors que je gémissais de douleur. Il ne faisait pas attention à sa force, j’étais une chose toute fine moi, pas un de ses soldats. Je me mis à sangloter d’énervement. Des situations catastrophiques, j’en avais connu, mais celle là, elle était assez pathétique. Il était trop fort et ma tentative me paraissait idiote à présent. Il me tordait les poignets et c’était douloureux.

-Je ne veux rien ! Rendez-moi mes affaires !!

Ma voie était plutôt une plainte qu'une exigence. Ce n’était pas lui qui les avait prises, mais pour moi, c’était du pareil au même, les choses commençaient à s’embrouiller dans ma tête. Parfois l’opium me rendait confuse et incapable de me souvenir des détails qui ponctuaient ma vie. J’essayais de me débattre mais je ne faisais pas le poids. Il me jeta sur le lit pendant qu’il récupérait son épée. J’étais dos au matelas, je me retournais en fœtus et me mettais en position défensive comme si il allait me porter un coup d’épée. C’est ce qu’il y avait de plus logique à mes yeux. J’attendais que les coups pleuvent, c’est ce qu’il se serait produit si j’avais fait ça avec un de mes clients au cabaret. Au lieu de ça, il me complimenta sur mes seins. Je relevais la tête avec un peu d’appréhension tout de même au cas où ça soit une stratégie pour me frapper quand je ne m’y attendrais pas.

Il était debout, tenait son épée et me regardait. Il ne savait pas qui j’étais, normal, il ne m’avait jamais vu, mais moi je savais pertinemment qui il était. Jamais il ne serait mon roi. Mon roi, c’était Louis XIV et à la rigueur son fils. Mais Ruuqo lui, il ne serait jamais que la personne qui avait ruiné ma vie sans même s’en apercevoir. Enfin, il devait bien avoir su qui était Alexandre Bontemps, mais il avait du oublier en relâchant mon père à moitié estropié et gangréné à cause des tortures qu’il avait subi. J’avais arrêté de sangloter, l’opium aidant à éviter trop de sentimentalisme. Je me redressais un peu, respirant un grand coup avant de cracher à la face de cet homme qui se disait roi, mais roi de quoi ? de qui ? il n’était pas le mien en tout cas. Je le regardais avec toute la haine que mon regard trop clair me le permettait.

La drogue m’aurait fait faire n’importe quoi. Il était bien plus fort que moi, il était le roi, je n’avais réellement aucune chance, mais rien de coutait de tenter sa chance. Après tout, rien n’était impossible non ? Enfin, pour moi si. C’était impossible de lever sa grosse épée trop longtemps, je n’avais pratiquement plus de muscles, je devais ressembler à un prisonnier décharné par des années de maltraitance. Non, je ressemblais à une femme qui n’avait jamais eu à se battre dans la vie. Une femme de bonne famille, même si pour l’instant, je n’avais plus rien de la courtisane que j’étais autre fois. Il me traita de sotte en me houspillant pour que je prenne moi-même mes affaires. Si seulement je savais où elles étaient je ne le lui aurais pas demandé. Je sanglotais à nouveau avant d’ouvrir la bouche pour exiger qu’on me rende mes affaires, mais une gifle me cueillit.
Pour une gifle c’était une gifle. Je tombais la face contre le matelas me tenant la joue où se voyaient très nettement la trace des doigts de l’homme qui venait de me frapper. J’essuyais une goute de sang qui coulait de ma lèvre déchirée. Romuald avait au moins la délicatesse de ne pas me toucher au visage. Il enchaîna la calomnie en me traitant de catin suicidaire. Je me levais d’un coup, le fait d’être à moitié nue ne me dérangeais pas le moins du monde, j’en avais l’habitude. Je me mis à tambouriner avec mes poings sur son torse. Je me fatiguais moi-même en faisant ça. Parallèlement, je lui hurlais en réponse, dans un sursaut de fierté. Ma voie était aigue et saccadé par une respiration haletante.

-Je… ne… suis… pas… une… catin… ! Je pris une grande respiration, prise dans ma folie. J’aurais mieux fait de me taire, au lieu de ça, je lui répondais d’un trait. Je suis Gabrielle Bontemps ! Comtesse de Saulloy et Vicomtesse de Champmorin !

Je ponctuais ma phrase par un soufflet qui aurait parfaitement eue sa place dans les salons de l’ancien Versailles. Mes yeux étaient illuminés par une petite flamme. J’avais dit ça pour répondre à l’insulte qu’il m’avait faite, mais je me tus, j’en avais trop dit, c’était absurde et ridicule, la flamme se ternit, jusqu’à disparaitre. Je n’étais plus cette personne. Je n’étais qu’une catin, il avait raison. Edward avait tord de dire que j’étais encore Gabrielle Bontemps, je n’étais plus rien. J’arrêtais de tapoter le torse de Ruuqo pour me pencher et rattraper mon corset au sol. Je le plaquais sur ma poitrine tandis que de l’autre main, je tapais sur la porte dérobé d’où j’étais entrée. Mes cris ressemblaient à des plaintes d’animal piégé.

- Ouvrez-moi ! Laissez-moi sortir !

Le fait de cogner contre cette porte cachée faisait tressauter ma poitrine ainsi que tout mon corps. Quand le roi loup m’avait décoché sa gifle, ma coiffure élaboré s’était défaite, laissant tomber mes cheveux longs et d’une chaude couleur de miel dans mon dos. Beaucoup de prostitués à cette poque portaient les cheveux courts suite à des séjours en prison, où pour éviter les maladies due à la mauvaise hygiène. Mes cheveux avaient été une fierté lors de ma vie au château, ils étaient si épais et soyeux, maintenant, ils étaient un atout pour la clientèle, prouvant que je n’étais pas une femme totalement désœuvrée.

-S’il vous plaît, laissez moi partir !!

Je ne parlais pas à Ruuqo, mais à l’homme derrière la porte, le valet qui attendait que je sorte pour me reconduire au carrosse qui m’attendait dehors. Ma voie déraillait, glissant sur des sanglots étouffés.

Quand je lui dis qui j’étais, il me répondit ironiquement, le son de sa voix ne laissait pas la place au doute, il se fichait bien de mon identité. Pourtant, la noblesse, il aurait du essayer de la regrouper autour de lui au lieu de la dédaigner. Louis XIV l’avait bien compris. Il n’avait pas construit Versailles sur un coup de tête, non, c’était bien réfléchi, un plan sans accros pour surveiller sa noblesse et la regrouper autour de lui. Qui voulait lui plaire devait graviter à la cour. Ruuqo était odieux, jamais la noblesse se râlerait à lui. Même si je n’avais de comtesse que le titre, mes terres ayant été saisies quand mon père avait été embastillé, je n’en avais pas moins le sang bleu contrairement à lui. Je le regardais un instant comme si il n’était qu’un déchet, regard que parfois des hommes fortuné posaient sur moi. Tous les humains n’étaient pas faibles, je n’étais seulement pas habitué à me battre. Je n’avais pas reçue une éducation de sauvage contrairement à d’autres.
Il est vrai que mes vêtements n’avaient rien de bien glorieux, je portais une robe normale et habillé avant qu’on me l’enlève. C’était de sa faute à lui et aux siens si j’en étais là aujourd’hui, si il n’avait pas envahi le château, nous n’aurions pas eu à fuir avec mon père, je serais toujours une courtisane respecté et convoité par les hommes de bonne famille. La charge de mon père faisait des envieux, ce n’était pas seulement un rôle de simple valet. Loin de là, c’était son homme de confiance. Ruuqo ne connaissait rien à la vie de cour. Je n’avais pas réagis à son ironie à part la bravade du regard, mais quand il dit qu’il connaissait mon père, je lui aurais bien arraché les boyaux si j’en avais eu la force. Je contenais à taper contre la porte alors qu’il me demandait si je ne savais pas qui était mon client en venant ici. Je m’indignais en lâchant dans un cri de hargne.

-Si je l’avais su, je me serais rongé les veines plutôt que de me tenir face à vous !!!

Il s’approchait de moi, j’étais toujours face à la porte en espérant qu’elle s’ouvrirait vite, je n’entendais pas qu’il avançait. C’est quand ses grandes mains entravèrent mes poignés que je sursautais avant de grimacer. Sur le coup de la surprise, je lâchais le corset que je tenais toujours contre mes seins. J’étais à nouveau à moitié nue devant lui alors qu’il me retournait assez brutalement pour me plaquer à la porte.
Dans ma hâte de partir, je n’avais pas vraiment remarqué que la porte s’était entrouverte, mais je le constatais quand il la referma. Je me mordais nerveusement la lèvre inférieure. J’aurais pu profiter que la porte soit un peu ouverte pour tenter de fuir. Je levais un sourcil. Nous n’avions rien fait encore ? Il avait beau me tenir les poignets, je n’étais pas importante. Je lui envoyais un coup de genou dans les valseuses, nous ne ferions rien du tout. Pour lui, j’avais peut être envie de mourir, moi, tout ce que je voyais, c’est que je ne voulais avoir un rapport quelconque avec l’homme qui avait causé ma ruine et la mort de mon père. Sa mort peut être ? C’était la seule chose que j’aurais à faire avec lui.

-Plutôt mourir !

Et voila c’était dit. Je n’avais jamais vraiment eu envie de mourir avant, mais depuis quelques temps, ma vie était vraiment horrible. De la à coucher avec l’homme qui avait détruit ma vie, et ma famille, je préférais largement mourir. Je n’avais pas de force dans les bras, mais mon coup de genou n’avait pas été délicat. Je connaissais les endroits sensibles et pour cause avec les ivrognes, il fallait savoir les arrêter. Parfois, à force de jouer les coquettes face aux hommes dans les couloirs de ce château, j’avais eu à rudoyer certains hommes trop entreprenants.

C’est vrai qu’il avait fait souffrir mon père. Il lui avait brisé les membres avec je ne sais quelle machine, puis il l’avait laissé moisir en prison sans aucuns soins, le laissant ressortir qu’une fois paralysé. En prison, il avait attrapé une maladie qui l’avait rongé petit à petit jusqu’à ce qu’il en meurt. J’avais fait du mieux que je pouvais avec mes faibles moyens, mais je n’avais pas réussi à lui offrir la mort digne que je souhaitais pour lui. J’ouvrais grand la bouche à ses paroles. Cette personne était vraiment inhumaine, c’était dur à croire qu’il ait pu avoir été humain un jour. Selon lui je devais me donner à lui sans rechigner ? Mais dans quel monde vivait-il ? Surement un monde où les plus faibles n’avaient pas leurs places. Voila qui me remettait à ma place. Je n’étais qu’une pute, et je devais bien m’en souvenir de façon à faire mon travail un point c’est tout. Et d’où je n’avais pas mon mot à dire sur ma vie ? Je commençais à comprendre ce qu’Edward avait voulu me dire en me rappelant que je n’étais pas qu’une prostitué mais que j’étais avant tout un être humain qui avait autant le droit que les autres à choisir son destin.

Je me sentais forte et prête à combattre quiconque se mettrait sur ma route. J’allais reprendre ma vie en main, ne plus me laisser faire par Romuald où même Ruuqo. Je bombais le torse fier d’avoir mit un coup de pied dans les valseuses de cet arrogant inhumain. Petit bémol que je n’avais pas pris en considération, Ruuqo était un loup qui pouvait me tuer d’une claque et il en était de même avec le vampirique Romuald. Je ne tardais pas à revenir durement sur terre quand ce cul vert de loup m’envoya un coup de poing dans le ventre. Par reflexe, je commençais à me plier en deux, mais il ne m’en laissa pas le loisir, me tenant toujours fermement par les poignets, il m’envoya, comme si je n’étais qu’une vulgaire marionnette de chiffon, rebondir sur le lit. Mon ventre me faisait mal et chacun des rebonds m’arrachait un cris de douleur. J’espérais pouvoir me recroqueviller sur moi-même comme un enfant dans le ventre de sa mère, mais le monstre m’arracha ce qui me restait de vêtement, c'est-à-dire pas grand-chose.

-Hun… Monstre !!

Il s’allongea sur moi, ayant prit soin de déboutonner son pantalon. Sentir son poids sur moi et surtout sur mon ventre meurtrit, m’arracha un cris. Le pire fut de sentir sa protubérance contre le bas de mon ventre. Il allait vraiment me prendre de force. Je tentais de me tortiller. Il m’avait dit qu’étant donné que je souhaitais mourir, il ne m’accorderait pas cette chance. Je continuais à onduler sous lui, ne pensant pas que sentir les remous de mon corps devait surement l’exciter d’avantage. Il fallait tout de même être bien dérangé pour prendre du plaisir à forcer une femme. Je hurlais maintenant. Il n’était pas dit que je me laisserais faire ainsi. S’il y avait quelqu’un, il serait surement attiré par les cris de détresses. Après tout, c’était l’appartement du roi, je devais tenter la chose.

-A moi !! au viol !! aidez moi !!!!

Je m’époumonais en faisant fi de mon mal de ventre. Mon salut était surement dans l fait que quelqu’un pourrait m’entendre et venir à mon secours. Je m’échinais aussi à garder les jambes serrés l’une contre l’autre. Je n’allais surement pas être une pute bien sage comme il le désirait. A ce moment là, la comtesse de Saulloy avait repris toute sa place et ne comptait pas se laisser faire. J’arrêtais de crier pour lui envoyer des claques. Mes bras s’agitaient en tout sens me faisant ressembler à une furie.

-Lâchez moi ! Pourriture ! Ordure !

Je respirais un grand coup, ne cessant pas d’agiter les bras en tous sens. J’essayais encore, malgré son poids et ma douleur intercostale de lui envoyer des coups de pieds.

Et oui, j’étais une humaine, et qui plus est fragile. Je n’étais pas une guerrière, mais une jeune femme qui avait été élevé dans les salons dans l’unique but de paraître et de jouer les fines mouches. Sortir de bons mots, faire un bon mariage et continuer à paraitre à la cour, voila ce dont à quoi j’étais à destiné. Je n’avais jamais rien eu à faire dans un bouge de prostitué. J’avais la peau naturellement blanche et fine. Autant dire qu’une simple gifle me marquait pendant plusieurs jours, alors avec Ruuqo… J’allais être méconnaissable en ressortant de là. Si jamais j’en ressortais évidement. Je continuais à hurler comme une jeune fille de bonne famille l’aurait fait. Je criais, jusqu’à ce qu’il me donne une gifle qui me déchira la lèvre en son milieu… une goutte de sang perlait sur mon menton. Je m’arrêtais donc de crier. Des larmes inondèrent mes joues. Je continuais tout de même à me débattre, ce monstre ne pouvait pas tout obtenir par la force, ce que j’accordais aux petits, j’allais lui refuser à lui, cet ignoble personnage puant et violent. Il m’immobilisa d’une seule main, plaquant mes deux poignets au dessus de ma tête, je me tortillais de plus belle, ruant sous lui en espérant qu’il me lâche. Il me sourit tandis que j’écarquillais les yeux. Pourquoi souriait-il ? j’avais peur. Je me mis à trembler de tous mes faibles muscles. Il ôta son pantalon puis son dessous et se plaqua contre moi.

-Non ! Non ! Non !

Je grognais et tempêtais, essayant de dégager mes mains de son emprise avant qu’il ne commette le pire. Je me mis à pousser des cris perçants je ne voulais pas de ça. Jamais un homme ne m’avait forcé à coucher avec lui. Romuald m’avait battu pour que j’accepte de coucher avec ses clients, mais on ne m’avait jamais violée. Il me pénétra en un grand coup de rein. Je me mi à gémir de douleur, mais pas vraiment physique… honnêtement, j’en avais vu d’autre depuis un an que je travaillais avec les hommes, mais ces gémissements étaient plutôt des douleurs de l’âme. Je touchais encore plus le fond à ce moment là. Je ne comprenais pas la cruauté des être vivants envers d’autres êtres vivants. Louis XIV avait essayé de souder les peuples, mais les loups n’en avaient fait qu’à leur tête. Je comprenais mieux pourquoi. A chaque coup de rein venait un hurlement de supplication mêlé d’insultes. J’étais peut être fragile, mais j’étais une vrai anguille, je ne pouvais plus serrer les jambes sinon, elles viendraient surement se placer de chaque côté de ses hanches et ça lui donnerait une fausse impression. Le monstre n’avait pas besoin de ça pour être vigoureux.

-Je t’arracherais les Coui*les Con*ard !! Crevure !

J’arrivais à sortir une de mes mains de la tenaille que la sienne créait autour de mes poignets. Ma main alla tout de suite s’écraser sur sa joue dans l’espoir de le faire lâcher prise, mais ma main se brisa sur sa joue… Je gémis encore une fois de douleur, mais essayais de planter mes ongles dans son dos pour le repousser. Je posais mes pieds sur ses hanches et le poussait violement en arrière. Il ne recula que d’un mètre là où un homme classique aurait giclé plus loin. Je profitais de ce bref répit pour m’échapper du lit et me plaquer contre la porte à nouveau. Pour le coup, j’avais vraiment l’air d’une pauvre chose terrorisée. Prostré devant la porte dérobée, du sang mêlé aux larmes sur mon visage et le ventre qui commençait déjà à bleuir. De mes vêtements, il me restait seulement mes bas tenus par des rubans. D’ailleurs, il y en avait un qui commençait à se détacher. Il glissa seul jusqu’à ma cheville, dévoilant la peau blanche et nacré, avec le galbe parfait de ma jambe droite.
Comprenant que la porte ne s’ouvrirait que sous l’ordre de Ruuqo, j’atrapais une bouteille d’alcool posé sur une table non loin et cassais le cul pour ne garder que le tesson tranchant en main. Je le pointais vers l’homme qui me voulait du mal en grommelant avec une lueur de folie dans le regard.

-Ne m’approche pas. Laisse moi partir où je te fais la peau !

Je n’avais jamais demandé à venir ici… Jamais je n’aurais voulu remettre dans ce château maintenant qu’il était habité, où plutôt occupé par les loups. Je n’avais jamais rien eu contre eux avant, mais tout de même, là, je devais bien avouer que je comprenais le fait qu’ils aient été mit à l’écart à l’époque. Ils étaient complètement fous, tous !! Ruuqo me trouvait vulgaire, je m’en fichais comme d’une guigne de son opinion. Il était un monstre sans nom. Une ignominie sur pied. La vilénie personnifiée. Il m’avait embrassé de force, insérant sa langue dans ma bouche, ce qui avait failli me faire vomir. Dommage, rien n’était sortit étant donné que j’avais le ventre vide. Je lui aurais volontiers vomit dessus pour lui faire comprendre à quel point il me faisait horreur.

Alors que j’étais maintenant debout contre la porte où je grattais comme un chat apeuré, Ruuqo continuais à me regarder en souriant. De ma main brisée, j’essuyais ma lèvre où perlaient encore quelques gouttes de sang. Cet homme était un sadique immonde. Je brandissais un tesson de bouteille, seule arme potentielle que j’avais trouvée. Je ne me trouvais pas ridicule moi. Je ne voulais pas finir en jouet pour loup et je ferais tout pour ça. Il ne tarda pas à me couper le peu d’espoir que j’avais réussi à garder en moi. Il ne semblait même pas avoir peur et se moquait de moi… Je n’avais même pas eu le temps de réagir à sa phrase qu’il se glissait à côté de moi, me faisant sursauter. Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi rapide. En un geste, il attrapa la bouteille et la retourna contre moi en me la callant sous le coup.

Dans un premier temps, je me mis à trembler jusqu’à ce qu’il me dise d’un air narquois que je faisais moins la fière. Il ne me semblait pas avoir fait la fière jusqu’à présent… Il ne fallait pas qu’il confonde avec l’instinct de survie. A mes yeux, je n’avais que deux possibilités maintenant. Le laisser en finir avec moi, me violer comme si je n’avais aucun mot à dire, où alors faciliter son travail et me trancher la gorge avec le tesson moi-même. Je lui lançais un regard de défit avant de lâcher d’une vois déterminée entre mes dents.

-Jamais tu ne m’auras vivante !!

Je lui crachais encore une fois au visage et me tranchais la gorge. Du moins c’est ce que je pensais, car ne connaissant pas grand-chose de l’anatomie et de la violence en général, je ne touchais pas la carotide. Tout ce que j’avais réussi à faire, c’était m’infliger seule une blessure supplémentaire. Je me mis à pleurer et tombais à genoux pour cacher mon visage entre mes mains. J’avais honte en plus d’être blessé. Pourquoi étais-je aussi faible ? je n’avais pas assez appuyé sur le verre. Le sang coulait maintenant entre mes seins en un mince filet.
Mes longs cheveux châtain tombaient autour de moi couvrant un peu ma nudité et me faisant un voile inutile de protection. A ce moment là, je n’avais envi que d’une seule chose ouvrir les yeux et me réveiller dans mon lit de petite fille, quand la vie était belle, quand je passais mon temps à jouer autour des fontaines de ce château. Je rouvrais les yeux et dévisageais Ruuqo comme si il était un fantôme de mon passé. Ma voie était toute douce à ce moment là, comme si j’étais ailleurs.

- Pourquoi n’es-tu pas un cauchemar…

C’était comme une sorte de résignation à peine voilée. Ma voie était entrecoupé de légers sanglots, mais mon regard semblait un peu partit ailleurs. E me promenais dans les jardins à ce moment là. Les pouvoirs de l’opium étaient fascinants. Je pouvais toujours compter sur lui pour ne jamais me laisser tomber dans les moments désespérés. Je pouvais mourir, j’étais tout à fait tranquille. Je ne sentirais surement rien, j’allais surement rejoindre mon père, je devais me préparer. Le fait d’avoir le sentiment de courir en cercle autour du bassin d’apollon me faisait sourire, mais en plus de ça, il me faisait chantonner une chanson que je ne chantais que quand j’étais enfant. Je fredonnais donc à genoux devant un loup complètement taré sans me rendre compte de rien, je n’étais momentanément plus là.